«J’accompagnais mon père, psychiatre, dans les hôpitaux»

LITTERATURE • Il est sans doute aujourd’hui un des auteurs de polars les plus réputés: le Danois Jussi Adler-Olsen revient avec Promesse, le 6e opus de sa série Département V. Nous l’avons rencontré lors de sa venue en Suisse.

  •  Jussi Adler-Olsen, le bon sens du polar. DR

    Jussi Adler-Olsen, le bon sens du polar. DR

  • Jussi Adler-Olsen, le bon sens du polar. DR

    Jussi Adler-Olsen, le bon sens du polar. DR

Il est beaucoup question de religion dans votre dernier livre. Est-ce que cela tient une place importante dans votre vie ?

Lausanne Cités: Mon livre, au-delà de la religion, parle du sentiment de sécurité. Dans Promesse, il existe une place sécurisée, l’Académie de naturabsorption d’Öland, dans laquelle j’ai placé un démon, Atu Abanshamash Dumuzi. Cela montre que, même l’endroit le plus sécurisé, ne l’est pas toujours autant que ce que l’on pense. C’est aussi pour cela que nous sommes choqués par les actes de terrorisme. Les victimes du 13 novembre se sentaient en sécurité avant de se faire tirer dessus.

Vous avez prévu d’écrire dix tomes de la série Département V. Comment pouvez-vous prédire combien de temps durera cette saga ?

Cela pourrait être neuf ou onze ! La trame de fond des prochains livres est déjà planifiée. Je connais, en partie, leur histoire. C’est un véritable travail d’agent de police que je produis. Je dois résoudre des problèmes qui me mèneront à la fin de la série. Quand c’est logique, c’est facile pour moi de rédiger pendant quatre à six heures. Dans ce cas, je ne bouge pas de ma chaise. Il ne me faut aucune distraction. J’écoute juste de la musique.

Un livre, un an. Depuis toutes ces années, vous êtes-vous attaché à vos personnages, Carl Mørck, Rose et Assad ?

Au début, j’ai dû apprendre à les connaître par cœur. Et maintenant, je me suis attaché à eux. En fait, j’apprécie tous les personnages, même les méchants. Je ressens de la pitié pour eux. Dès mon plus jeune âge, j’accompagnais mon père, psychiatre, dans les hôpitaux. Ainsi, j’ai pu comprendre pourquoi les gens deviennent fous, voir ce qui est bon et ce qui est mauvais chez chaque personne et savoir comment ces deux aspects peuvent être rassemblés dans un seul et même corps. En tant qu’écrivain, je peux vivre à travers mes protagonistes. Cela m’est facile d’inventer des personnages. C’est très amusant pour moi d’être une femme par exemple. Je suis capable de me mettre à la place d’une représentante de la gent féminine car j’ai trois sœurs. Elles me parlent de tout. Ce sont, notamment, elles qui m’ont appris à embrasser et qui m’ont expliqué à quel point c’est agréable de tomber amoureux.

Aimeriez-vous voir vos livres transformés en films ?

Deux films inspirés de mes romans sont sortis mais je ne les aime pas. Depuis, j’ai reçu 48 offres de réalisateurs, notamment en provenance des studios Fox et Warner Bros. De mon point de vue, l’écriture, c’est du sérieux, et je n’écris pas pour que mes livres arrivent sur le grand écran. Quoi qu’il en soit, j’ai décidé d’accepter la proposition du producteur, scénariste et réalisateur américain, Scott Frank. En effet, il aimerait réaliser une série télévisuelle à Boston.

Cela fait cinq ans maintenant que vos livres sont traduits en français. Etait-ce un souhait de votre part ?

C’était important pour moi d’être traduit en langue française. Je ne pouvais pas me cantonner au public danois. Une traduction, c’est un miracle. Pas seulement une joie mais aussi une victoire. Les francophones sont de très bons lecteurs. Ils aiment lire de la bonn e littérature.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la suite du Département V ?

J’ai déjà écrit deux pages du prochain roman. Dès que je rentre au Danemark, je m’y remets. Cette fois-ci, le lecteur sera dans la tête de Rose, l’un de mes personnages principaux. Ce roman est difficile à écrire car il doit être plus court, plus sombre, plus étrange que les précédents et difficile à résoudre par le lecteur. En outre, je peux déjà dire que mon huitième livre parlera au nom d’Assad. Pour le neuvième, ce sera au tour de Carl Mørck. Et j’espère finir en feu d’artifice dans le dixième !

Vous avez déjà reçu de nombreux prix au Danemark et en France. Est-ce que vous y pensez lorsque vous écrivez ?

Je dois travailler beaucoup car je vise la qualité, en espérant que mon travail soit suffisamment bon. Du coup, je ne pense pas vraiment aux prix littéraires. Simplement, nous travaillons ensemble, mes personnages et moi, pour que mes romans soient toujours meilleurs.