«A Lausanne, il n’y a que quelques bornes et pas forcément toujours dans des lieux très pratiques. Elles sont souvent occupées, ce n’est pas très encourageant»
Marc Muller, fondateur d’Impact Living
«C’est la fameuse histoire de l’œuf et la poule. Tant que les consommateurs lausannois ne s’équiperont pas en voitures électriques, il ne sera pas rentable d’installer des bornes publiques de recharges. Inversement, l’absence de ces bornes n’encouragent pas les automobilistes à faire le pas», peste Marc Muller, expert en développement durable et fondateur d’Impact Living. Pourtant les encouragements sont multiples, notamment avec une taxe auto réduite au minimum et un prix des recharges largement inférieur au plein d’essence.
Un camion-poubelle, mais...
La Ville de Lausanne a toujours annoncé vouloir précisément promouvoir la mobilité électrique, notamment en renouvelant sa flotte de véhicules. Elle sera même pionnière en matière de camion-poubelles d’ici la fin de l’année. «La Municipalité propose au Conseil communal d’acquérir le premier camion-benne à ordures ménagères 100% électrique. Cette opération permettra non seulement de réduire significativement la pollution atmosphérique, le remplacement d’un seul camion équivalant au changement de 15 voitures, et les nuisances sonores pour nos habitants. Ce projet bénéficie du soutien du Canton et de la Confédération», annonce fièrement la conseillère municipale Florence Germond. Autant d’initiatives qui affirment l’intérêt municipal pour l’électrique.
L’exemple de Stuttgart
La ville allemande est l’un des exemples européens en matière de bornes de recharge. «Dans chaque rue, il y a une possibilité pour charger son véhicule électrique à moindre coût. On trouve facilement une place de parking et, à notre retour, la voiture est prête à parcourir des centaines de kilomètres. A Lausanne, il n’y a que quelques bornes et pas forcément toujours dans des lieux très pratiques. Elles sont souvent occupées, ce n’est pas très encourageant», compare Marc Muller.
Des parkings privés offrent quelques bornes au centre-ville, quelques stations services ou hôtels et quatre bornes de recharges ont été installées par la ville au P+R de Vennes. Risible en effet comparé aux milliers de bornes de certaines villes allemandes, par exemple. Une critique sur laquelle Florence Germond se veut rassurante: «Le service des Routes et Mobilité travaille à développer cette offre ailleurs en ville.»
Avantage à Tesla
Comprenant bien l’explosion actuelle de la mobilité électrique, notamment pour des propriétaires de villas qui peuvent produire leur propre électricité au moyen de panneaux solaires, Tesla s’est lancé dans l’installation de centaines de bornes de recharge sur le territoire helvétique. «Quand on recharge à la maison, on a tout de même besoin de bornes en ville ou sur les autoroutes en cas de très longues journées ou d’imprévus. Tesla a su positionner parfaitement ses bornes. Un bémol toutefois: ces super-chargeurs ne peuvent être utilisées que pour des véhicules Tesla. C’est malin d’un point de vue marketing mais la ville ne peut pas compter sur cette offre. Elle doit la compléter pour les usagers des autres marques moins chères qui restent majoritaires», explique Marc Muller.
Une simple consultation d’une carte des bornes publiques donne une bonne idée de l’ampleur du travail. Une dizaine de stations à peine sont accessibles en ville.