Père Noël: un drôle de métier!

TRADITIONS • Avec leurs rennes, leur barbe blanche et leur costume d’un rouge flamboyant, ils sont partout à l’approche des Fêtes. Nous vous révélons tout sur ces Pères Noël professionnels et leur drôle de métier.

  • Le passage du Père Noël, ici dans le quartier du Flon, attire toujours les petits… et les grands enfants. PHOTO VERISSIMO

«Plus qu’un job, c’est un sacerdoce!»
Le Père Noël des Rochers-de-Naye

C’est un drôle de métier. Il ne se pratique qu’en CDD, en uniforme, avec un minimum de conviction et uniquement de fin novembre jusqu’au 25 décembre au plus tard. Il s’agit du petit job de Père Noël. Petit? Hum, il ne l’est finalement pas tant que ça. Tout au moins du côté des Rochers-de-Naye. Le comédien professionnel, qui est embauché là-haut depuis 18 ans par le célèbre marché de Noël local, rencontre en effet jusqu’à 500 enfants par jour. «Nous l’avons sélectionné via une audition. Il a un bon salaire de comédien mais se doit de connaître son rôle parfaitement, de se tenir au courant des films et livres à succès sortis à son sujet mais surtout, il doit avoir de l’empathie, de l’écoute, des réponses à tout et la maîtrise d’un maximum de langues!», liste Yves Cornaro.
Un job nourrissant et épuisant
Le big boss de Montreux Noël s’est lui-même glissé dans le rôle une journée durant et en est ressorti aussi joyeux qu’épuisé… Sa manifestation propose aussi trois fois par jour une animation au cours de laquelle un Santa Claus, funambule de formation, passe avec son traineau sur un câble tendu au-dessus des chalets. Don d’ubiquité oblige, il s’agirait du même…
Dans les grands magasins lausannois aussi, le Père Noël fait généralement une sortie. Dans 22 des 24 centres Coop de Suisse romande, il tente de ravir les enfants. Son recrutement se fait via des agences spécialisées offrant un package bien huilé incluant costume, trône, décors, sono, photographe et système d’impression. Et ce pour un tarif allant de 400 à 900 francs la journée. Lorenzo Marra, et son équipe de 26 Pères Noël, se produisent dans une vingtaine de grands magasins vaudois et genevois. Et ce depuis vingt ans. Cela représente jusqu’à 30% du chiffre d’affaire annuel de Backstage concept sàrl, l’entreprise de celui qui est parfois surnommé «le roi de Noël». Ce chef d’entreprise rémunère ses Pères Noël dès 50 francs de l’heure et leur fournit deux costumes coûtant quelque 1500 francs l’un. Il les aime «avec une barbe et un embonpoint naturel» même si ce n’est pas éliminatoire.
«Un rôle qui se travaille»
Les Pères Noël attisent l’esprit de Noël, mais attirent aussi évidemment les jeunes clients, détendent l’atmosphère et favorisent donc par leur présence la dépense. «L’idée est de cultiver une atmosphère festive et magique, tout en contribuant à stimuler la fréquentation du centre commercial», confesse Laura Dunand, cheffe de projets Marketing & Event chez Coop.
Et ceux qui endossent ce rôle en redemandent. «Ils en sortent rincés mais heureux!» assène Lorenzo Marra. «Cela me repose des cauchemars des adultes et de la vie d’en bas. Pendant un mois, on donne du bonheur de 8h à 22h! C’est plus qu’un job, c’est un sacerdoce!», confirme le Père Noël des Rochers-de-Naye qui affirme mordicus être le seul vrai avec une conviction contagieuse. Selon lui, «Père Noël, c’est un rôle qui se travaille. Il faut tout savoir de ses origines européennes liées au solstice, à l’artiste Norman Rockwell qui le premier l’affublait de son costume rouge, en passant par Coca-Cola qui s’en est saisi comme d’une icône commerciale jusqu’à imposer sa popularité en Europe au sortir de la Seconde guerre mondiale…»
Des questions difficiles
Du côté de Bô Noël, le Père Noël s’appelle Otto Baumrucker et témoigne du même enthousiasme. Pour la troisième année de suite, ce Lausannois polyglotte de 64 ans endosse son costume les mercredis, samedis et dimanches.  «Les enfants s’inquiètent souvent de savoir qui m’apporte des cadeaux…», s’attendrit celui qui est rentré dans ce rôle par hasard via sa fille et l’agence RP Trivial Mass.
Du haut de son trône, il explique aussi occuper une sorte de poste d’observation sociologique. «Cette année, on voit que la crise économique impacte tout le monde. Les enfants demandent moins de cadeaux et reviennent aux fondamentaux. Une barbie, une boîte de Lego…» Mais l’émerveillement, lui, ne se dévalue pas. «Le lire dans les yeux des enfants est la plus belle des récompenses, d’autant que certains viennent parfois me trouver avec des soucis lourds comme la maladie grave ou la mort d’un proche…» confie Otto Baumrucker.

 

Des origines métissées

Le Père Noël, pilier des fêtes, trouve ses origines dans la légende de Saint Nicolas, l’évêque généreux du IVe siècle, et les influences de la mythologie nordique avec Odin. Transportées en Amérique du Nord par les colons européens, ces traditions ont fusionné pour donner naissance à la version moderne du Père Noël. L’icône en rouge et blanc que nous connaissons aujourd’hui a été popularisée par une campagne publicitaire de Coca-Cola dans les années 1930, consolidant son image universelle. Ainsi, le Père Noël incarne aujourd’hui la générosité de Saint Nicolas, teintée de la magie nordique, et demeure un symbole festif incontournable.