Poissons traqués au sonar

LÉMAN• Utilisés depuis longtemps par les professionnels, les pêcheurs du dimanche se mettent aussi à se servir des détecteurs de sous-marins pour repérer les bancs de poissons. Où est le plaisir?

  • Le sonar multiplie les chances de dénicher les bancs de poissons.

    Le sonar multiplie les chances de dénicher les bancs de poissons.

  • Le sonar multiplie les chances de dénicher les bancs de poissons.

    Le sonar multiplie les chances de dénicher les bancs de poissons.

Plus de 1200 tonnes de poissons ont été capturées dans le Léman l'an passé. Il s'agit de l'un des meilleurs résultats jamais enregistrés. Parler de pêche miraculeuse n'est pas mentir. Même si elle s'effectue, aujourd'hui, au sonar. Et depuis l'ouverture de la pêche le 13 janvier dernier dans le lac, cette technique semble se répandre…

A la mode

«Nous en avons un depuis une dizaine d'années, mais nous l'utilisons de manière complémentaire pour vérifier si des poissons sont bien dans les alentours», souligne Martine, une navigatrice lausannoise aguerrie. Destiné à la base aux professionnels qui l'utilisent depuis vingt ans, le sonar séduit, comme Martine, les pêcheurs du dimanche. «Les trois quarts des amateurs en sont équipés, certifie Gérald Widmer, spécialiste de la pêche sur le Léman. Il s'en commercialise depuis 2 ou 3 ans et la demande est en forte augmentation. Ces sonars domestiques sont fabriqués en Chine, à des prix défiant toute concurrence.»

Fiable à 95%

Ces sonars électriques, dotés d'un écran et d'une batterie rechargeable, permettent de repérer les poissons jusqu'à 180 mètres de profondeur. «Le sonar émet des ondes qui ricochent sur le fond et remontent à la verticale. S'il y a un obstacle entre les deux, il vous le signale», explique Gérald Widmer. La méthode est fiable à 95%. Mais pas au-delà. L'écran ne précise pas en effet s'il s'agit de poissons, d'algues, de branches ou de sacs en plastique…Au moment de choisir sa mouche, des confusions sont ainsi possibles, faute de connaître l'espèce de poisson. Car on ne titille pas le brochet ou la perche avec le même hameçon! A moins, bien sûr, de pêcher au filet, comme les pros. Avec un radar, c'est un jeu d'enfant. Ou presque. On remonte tout et on trie après…

Gain de temps

Avec cette technologie, développée pour détecter les sous-marins, vos chances de dénicher un banc de féras sont donc démultipliées. «Avant on allait à la pêche comme on va aux champignons, au petit bonheur la chance», conclut Gérald Widmer. Maintenant, c'est plus ciblé. On va pêcher telle ou telle espèce, en s'équipant en conséquence. «C'est l'assurance de revenir avec quelques belles prises, sans passer des heures sur votre bateau», relève notre spécialiste. «Mais où est le plaisir?», rétorqueront les pêcheurs en rivières, qui aiment prendre leur temps pour taquiner la truite, tout en sirotant un p'tit verre de blanc. Autre pêche, autre philosophie…

Gain de performance

L'écosystème aquatique bénéficie-t-il autant du sonar que les pêcheurs amateurs? «S'il s'agit d'une pêche active, comme en mer, où on repère les bancs de poissons qu'on entoure de filets ensuite, l'impact sur l'écosystème est négatif», souligne Jean-François Rubin, biologiste à la Maison de la rivière à Tolochenaz (VD). Et de préciser: «En principe, pour la pêche amateur, le gain de performance ne nuit aux espèces ciblées comme le nombre de poissons capturés reste faible. Avec ce type de matériel, on est plus performant pour autant qu'on sache bien l'utiliser.»