Lambiel: «Tous les jours, je fais le bilan!»

INTERVIEW • Les 9 et 10 février prochains, le Valaisan sera à la patinoire de Malley  pour Art on Ice, specracle qu’il adore.  Et le 22 avril, à Genève, dans le cadre de Ice Legends, 2e édition, dont il est le patron-créateur

  •  Stéphane Lambiel

    Stéphane Lambiel

-D’abord, comment allez-vous ?

-A merveille. Je vis de ma passion, donc je n’ai pas le droit de me plaindre.

-Vivez-vous toujours à 200 à l’heure ?

-Oui, plus que jamais. Vivement la retraite (Il rit de sa boutade)

-Entre le Stéphane Lambiel d’hier, le compétiteur (il a arrêté en mars 2010) et celui d’aujourd’hui, qui a 30 ans, qu’est-ce qui a changé ?

-Rien, la passion est toujours la même. Sur la glace, je m’entraîne de la même manière.  Je suis en bonne forme physique. Je réussis tout ce que j’ai envie de faire et ce que je dois faire (Il réfléchit).   En fait, une chose a évolué : c’est l’expérience ; du coup, j’en tire des bénéfices. J’enseigne à des jeunes, je  les conseille et je les guide.

-Toujours à Champéry ? 

-Oui, à la Skating School of Switzerland (Centre d’excellence pour le patinage artistique mondial) ;   où je suis présent, contrairement à ce que d’aucuns pensent, selon vous.

-A combien de galas participez-vous chaque année ?

- Entre 40 et 50, dans le monde entier. C’est mon rythme depuis la retraite. J’accorde beaucoup d’énergie à mes chorégraphies.

-A propos de chorégraphies, vous en écrivez (des vraies, pas des caricatures) pour des patineurs de renom. Est-ce toujours le cas ?

- Oui, et l’été passé par exemple (2015), j’ai travaillé pour l’équipe nationale du Japon – au Pays du Soleil Levant, le Valaisan est une idole, une légende.

- A ce propos, quel regard portez-vous sur Yuzuru Hanyu (21 ans), qui a battu le «record du monde» avec un total de 330.43 points ? ( court : 110.95 et long :  219.48. Pour mémoire, le meilleur score de Lambiel est de 246.72, obtenu aux JO de 2010 à Vancouver)

-C’est juste incroyable ! Je le côtoie en gala au Japon, nous nous parlons, je lui prodigue des conseils mais je n’écris pas pour lui. Peut-être qu’un jour, il fera appel à moi, j’aimerais bien. Yuzuru Hanyu est une bête de scène. Les Japonais ? Ils sont très compétitifs, ce sont des patineurs complets et la génération actuelle possède un grand potentiel technique et dans le mouvement.

-Les 9 et 10 février, vous serez à Lausanne, pour Art on Ice et le 22 avril à Genève, pour Ice Legends, 2e édition, dont vous êtes le patron…

-…Là, il s’agit d’un travail d’équipe. Le fait de construire, c’est une gamme au-dessus, avec l’obligation de s’écouter les uns les autres. Art on Ice (dans le genre, rien ne se fait mieux dans le monde) est une grosse production, un spectacle multi-talents auquel j’éprouve un plaisir fou à participer ( Lambiel y est un habitué, le taulier). Ice Legends met en avant le patinage et la performance technique, les plus belles qualités artistiques. Cette année, j’ai la chance de pouvoir travailler avec la pianiste géorgienne Kathia Buniatishvili. Elle est formidable. Elle raconte des histoires en jouant.

-Avec le recul, le monde des galas et du spectacle, vous qui êtes un danseur sur glace, n’a-t-il pas été plus à votre convenance, toujours pris le dessus sur la compétition ?

-Non dans la mesure où il y a eu une période où j’avais besoin de la compétition. Aujourd’hui, ce temps-là est derrière. Vous parlez de danseur sur glace, mais même en compétition, c’est ce que      je voulais être, c’est ce que je recherchais. Il y a 10 ans, j’avais deux quadruples, je les ai toujours.

-Admettons que vous reveniez à la compétition, où vous situeriez-vous en Suisse ?

-Comme cela ne se fera pas, je ne me pose pas ce genre de question (on répond pour lui : il aurait remporté  en décembre dernier à Lausanne son 10e titre de champion de Suisse).

-A quel âge vous autoriserez-vous à faire un bilan ?

-Mais j’en fait  un à la fin de chaque journée (il rit). Quotidiennement, je me remets en question, je réalise des rêves. J’ai plein de projets. Je suis tellement content de vivre tout ça que ça me pousse     à avancer encore plus dans la vie. Ça ne veut pas dire encore plus vite.

-Quand vous direz-vous : Stéphane, tu es un vieux patineur ?

-Je ne sais pas. Peut-être ne me poserai-je jamais cette question car j’aurai arrêté avant.

-Avec Art on Ice, préférez-vous personnellement vous produire à Zurich (le Hallenstadion est une salle de spectacle  plus qu’une patinoire) ou à Lausanne (proximité avec le public)?

-Les deux lieux sont différents. Comme c’est plus grand à Zurich, ça impressionne surtout lorsque je me mets en place pour mon programme. A Lausanne, le public est hyper chaleureux et donne de la vie à la patinoire.

-Que diriez-vous à une personne hésitant à se rendre à Art on Ice ?

-Art on Ice n’est pas qu’un spectacle de patinage, c’est aussi un show musical. Une belle alliance. Il faut y aller. Et de rester en connexion bien sûr avec Ice Legends (Il rit encore Stéphane Lambiel, en très grande forme parce qu’il vit ce qu’il dit).

 

Jacques Wullschleger 

www.artonice.ch

www.icelegends.com