Les Docks au tribunal

BRUIT EXCESSIF • Accusés d’avoir dépassé la norme légale de 100 décibels au cours d’un concert, les Docks, célèbre club lausannois, opposent les enregistrements de leur propre appareil, qui eux, ne révèlent aucune infraction.

  •  La limite des 100 décibels a-t-elle été dépassée? dr

    La limite des 100 décibels a-t-elle été dépassée? dr

«Je conteste cette amende de 600 francs parce que nous sommes sûrs d’avoir fait juste, lance Laurence Vinclair. Nous avons même la preuve que nous avons fait juste, mais on ne veut pas nous donner raison ! »

Les faits remontent au mois de mars 2013. Le 21 plus exactement. Ce soir-là, est donnée aux Docks une soirée M4Music, incontournable rendez-vous de la scène pop suisse. Discrètement vers 23 heures, se glisse dans la salle un représentant de la police en civil. Sa mission? Relever l’intensité des décibels enregistrés, afin de veiller à ce que les normes en matière de bruit soient respectées.

Résultats non concordants

Au bout d’une heure, le résultat est clair: une moyenne de 105 décibels sur une heure, alors que la limite légale est de 100 décibels. «J’ai l’habitude des concerts et j’ai tout de suite su que ce n’était pas possible, argumente Laurence Vinclair. 105 décibels, cela aurait été tout simplement insupportable pour le public!»

Afin d’en avoir le cœur net, la directrice décide toutefois de comparer les enregistrements de la police, avec celui obtenu à partir de l’appareil «officiel» que tout club se doit d’avoir. Et là, le résultat est tout à fait différent, évalué à 100 décibels, soit dans la limite légale, un chiffre d’autant plus difficilement contestable, que le sonomètre du club a été vérifié le lendemain même, avec pour résultat… un calibrage tout à fait normal.

«Notre brigade utilise des appareils étalonnés et contrôlés tous les deux ans par l’Institut fédéral de métrologie (METAS), à Berne, explique de son côté Sébastien Jost, porte-parole de la police lausannoise. Ce qui n’est pas forcément le cas des appareils utilisés par les établissements publics et ce qui peut expliquer les variations observées ».

Un constat qui n’a pas empêché Laurence Vinclair de faire opposition. L’affaire se poursuit dans un premier temps auprès du préfet qui, c’est le cas de le dire, ne veut rien entendre. Le dossier est alors transmis au Tribunal de police de Lausanne en décembre dernier et le verdict, tombé en janvier, confirme l’amende de 600 francs.

«Il est arrivé qu’une fois nous ayons dépassé les normes et nous avions eu une amende que nous avons réglée sans discuter car nous étions en tort. Mais dans ce cas-ci, ce qui me dérange, c’est que nous nous sommes équipés des instruments de mesure requis qui nous ont permis de prouver notre bonne foi, et personne n’en tient compte. A quoi bon s’équiper alors ?»

L’affaire ne va donc pas en rester là, et les Docks ont déjà fait appel de la décision du tribunal. «J’ai le soutien de tous les autres clubs, avance Laurence Vinclair, et c’est là une question de principe, car nous voulons vraiment montrer que nous avons à cœur de faire les choses comme il faut! Nous irons donc jusqu’au Tribunal fédéral si nécessaire!»