«Je ne tenais pas à porter plainte, mais étant donné la façon dont on m’a traité, je me vois dans l’obligation de le faire!» Le ton est donné. Et les souvenirs de Chi-Ming Chu, relatés initialement par notre confrère Le Régional, encore bien vivaces. C’était le 17 juillet dernier. Ce ressortissant d’origine asiatique habitant à Paudex, et vivant depuis près de 40 ans en Suisse, circule à vélo dans la Grand Rue, à Lutry, quand un signal, sur son portable, lui annonce la réception d’un sms. Il s’arrête, pose, dit-il, les deux pieds à terre et commence à envoyer une réponse.
Une attitude discourtoise
C’est à ce moment-là qu’un agent, également à vélo, l’interpelle. Il lui demande ses papiers, menace de l’amender et de l’emmener au poste. Chi-Ming Chu lui répond qu’il termine d’écrire son message. Ce qui, explique-t-il, semble avoir passablement énervé l’agent.
Et d’ajouter: «Vu son attitude discourtoise, voire agressive, je lui ai donc répondu: allons donc au poste!», explique-t-il. Les deux hommes se suivent, à pied, avant que le ressortissant asiatique, essouflé, propose à l’agent de rejoindre le poste à vélo. L’agent lui dit non. Après un échange verbal, il monte toutefois sur son vélo. La suite? «Il m’a sauté dessus, je suis tombé au bord de la route cantonale, me suis blessé au visage, aux mains et aux jambes, je saignais de partout...»
Il est alors entravé, menotté, alors que des agents sont appelés en renfort pour l’emmener au poste où on procède à une fouille corporelle, et on lui fait souffler dans le ballon (0.00 pour mille) avant de le relâcher.
«Je n’ai opposé aucune résistance devant un, puis trois solides gaillards, ni usé de mots insultants, ni provoqué quoi que ce soit» affirme encore le ressortissant de Paudex. «Je ne comprends toujours pas l’excès de violence et de brutalité.» Chi-Ming Chu se dit aujourd’hui humilié et traumatisé et estime que l’intervention du gendarme ne respectait pas le principe de proportionnalité.
En infraction
Toute autre interprétation des faits du côté de l’APOL. «Notre agent a agi dans le cadre d’une action préventive face à une personne qui était en infraction avec les règles de circulation routière», explique sans détours son commandant, Eugène Chollet. «Cette personne n’a pas admis cette action, s’est énervée et a refusé de décliner son identité. Selon la procédure, elle a donc en toute logique été amenée au poste pour un contrôle.» Avant d’ajouter: «J’ai totale confiance en mon agent. A des fins d’évaluation interne, j’ai toutefois mandaté un expert indépendant pour savoir si la suite de l’action incriminée a été proportionnelle au délit.»