C’est un mélange de colère et de tristesse qui a poussé Miguel* à nous contacter. Ce quadragénaire habitant Penthalaz a pourtant l’habitude d’affronter les difficultés de l’existence. Atteint de la polio dès l’âge de deux ans et malade du foie, il a toujours fait contre mauvaise fortune bon cœur. Mais depuis quelques années, son quotidien est devenu insupportable: «Je me rends tous les jours à Lausanne en voiture pour aller voir des amis, de la famille ou mon médecin. Avant, je pouvais facilement me parquer au centre-ville avec mon macaron handicapé. Mais avec la suppression de toutes ces places de parc, je dois me garer de plus en plus loin. L’autre jour, je voulais aller chez mon physiothérapeute, j’ai tout simplement dû annuler mon rendez-vous car je ne trouvais pas de place à proximité de son cabinet. Ma vie était compliquée, désormais elle est un enfer! Je ne vais quand même pas rester chez moi toute la journée à regarder la télévision!»
Des tracas administratifs
Président de la section lausannoise de Pro Cap, la plus grande association pour personnes avec handicap en Suisse, Georges André Pavillard n’est pas surpris quand nous lui décrivons le quotidien de Miguel*: «Beaucoup de nos membres nous ont signalé qu’ils avaient davantage de peine à se parquer à Lausanne. Car les macarons pour les personnes à mobilité réduite permettent de se garer sur les places jaunes, mais aussi sur les bleues ou les blanches. Donc s’il y a moins de places à disposition, c’est forcément plus compliqué.» Une complication que connait bien Patrizia Mori. La conseillère communale UDC, elle-même handicapée en fauteuil roulant depuis cinq ans, dénonce une course à l’amende en Ville de Lausanne: «Malgré mon macaron, je me prends régulièrement des bûches de la part des agents contractuels car je suis obligée de me mettre en dehors des places. Je dois ensuite les contester, ce qui m’oblige à entamer d’interminables démarches administratives. Pour les personnes à mobilité réduite, circuler en voiture à Lausanne est devenu extrêmement compliqué. Tout particulièrement aux abords de la gare.»
Sept nouvelles places jaunes
Des témoignages qui tranchent nettement avec la position de la Ville. Patrick Etournaud, chef du Service des routes et de la mobilité de Lausanne, assure qu’aucune place de stationnement réservée pour les personnes à mobilité réduite n’a été supprimée ces dernières années. Bien au contraire: «Actuellement, on dénombre 94 places jaunes à Lausanne et sept nouvelles places devraient voir le jour d'ici à la fin de cette année au chemin de Couvaloup, à l'avenue du Tribunal-Fédéral, à l'avenue de Mon-Loisir, aux parkings du Bourget et des Avettes, à l'avenue de Sévelin et à l'avenue du Léman.» Quant aux places de parc «normales», que les possesseurs de macaron peuvent également utiliser, 206 d’entre elles ont été biffées depuis 2020.
*prénom fictif, identité connue de la rédaction