Ce banquier qui arbitre des matches de hockey

PORTRAIT • Il est banquier la journée et arbitre de hockey sur glace le soir, depuis peu en National League (ex-LNA). Son prochain match, dans l’élite? LHC-Rapperswil. Âgé de 25 ans seulement, Steve Dreyfus n’a pas fini de faire parler de lui. Et pas que dans son sport!

  • Steve Dreyfuss, un engagement de tous les instants. WULLSCHLEGER

    Steve Dreyfuss, un engagement de tous les instants. WULLSCHLEGER

Jamais, ô grand jamais, il n’oubliera ce mois d’octobre 2018 aux climats différents. A 25 ans, la vie de Steve Dreyfus s’est soudanement accélérée et enrichie après une mise en condition suffisante pour s’y préparer.

Il y a peu, il se trouvait à Buenos-Aires à l’occasion des JOJ (Jeux olympiques de la jeunesse). Sa mission a consisté à encadrer les athlètes suisses - ils étaient 38, à coordonner pour eux le programme éducatif du CIO. «J’ai joué aussi le rôle de grand frère.» Avant de prendre l’avion, le Vaudois apprit, via une convocation, qu’il avait été désigné pour arbitrer Ambri-Zoug, le samedi 27 octobre, son premier match en National League (ex-LNA). Mission accomplie avant de se retrouver sur la glace de Malley le 13 novembre prochain. À l’heure qu’il est, Steve Dreyfus est le plus jeune arbitre romand de la National League.

Une «vieille» vocation

Enfant, il s’endormait tous les soirs, avec le règlement, appris par cœur, à côté de son lit. Les gestes, les attitudes, il les mimait devant le miroir de l’armoire... à glace, dans la chambre à coucher de ses grands-parents. Son grand-père n’est autre que Claude Chamot (ancien joueur du LHC), qui a été de toutes les aventures avec son petit-fils. Il était présent quand celui-ci a commencé à arbitrer, il y a plus de 15 ans, des matches des Dubinet Hockey Lausanne à Montchoisi, équipe créée par Gérard Dubi au début des années 1980, une des légendes du LHC.

Même lorsque le temps est maussade, Steve Dreyfus n’est jamais à l’abri d’une belle éclaircie. «Le sport, c’est sa seconde famille», dit Michael, son papa, mais aussi son confident. «Steve a toujours recherché le contact des adultes. Très jeune, il a tissé un grand lien familial. Pour lui, c’était quelque chose de naturel. Quand il devait partir en camp de ski, par exemple, c’était un drame. Le sport, le hockey sur glace, l’a aidé à couper le cordon ombilical.» Son fils acquiesce. «La présence d’adultes à mes côtés avait quelque chose de réconfortant et de rassurant. En même temps, je trouvais que c’était avec eux que j’apprenais le plus. J’ai toujours été fasciné par les personnalités. Encore aujourd’hui.»

Pour Steve Dreyfus, ce premier match de NL, à Ambri, s’est bien passé. Il ne l’a pas préparé spécialement. «J’ai suivi mon programme habituel. Si je suis dur avec moi-même, un perfectionniste, je ne néglige pas le fun et la force du plaisir. Un hors-jeu reste un hors-jeu, mais en National League tout va plus vite qu’en Swiss League (ex-LNB).»

Un quotidien de banquier

Son quotidien est celui d’un banquier. Steve Dreyfus, qui a la maturité d’un briscard et le savoir d’un sage est responsable d’un team de plus de dix personnes (clientèle privée). «J’ai beaucoup de chance», avoue-t-il, souriant et très reconnaissant. «Mon équipe est derrière moi. Mes patrons me soutiennent. Je peux partir au hockey sans problème. Sur la route, je reste bien sûr à disposition. À l’écoute de mon travail. J’ai un kit mains-libres.»

Egalement engagé aux JOJ

Grâce à ses activités et fort curieux de tout, Steve Dreyfus - qui est aussi un acteur hyper actif au sein du Panathlon Lausanne - engrange jour après jour une mine de connaissances et d’expériences. Aux JOJ de Lausanne en 2020, il sera, en tant que membre du comité d’organisation, responsable de la compétition hockey sur glace qui se déroulera à la Vaudoise Arena. «Il y aura un tournoi normal avec 12 équipes (6 de garçons, 6 de filles) et une nouveauté, une compétition 3x3, comme au basket, qui aura lieu sur une surface réduite.»

Mais bien avant cela, il sera sur la glace le 13 novembre à Malley. Ce soir-là, le LHC affrontera Rapperswil. «J’aimerais tellement que mon grand-papa soit présent.» Pour un autre moment d’émotion. En grandissant, Steve Dreyfus avait envie de vivre tout ça: avoir un bon boulot, s’investir dans sa passion. Réussir. De partager, aussi, plein de joies. «Il a toujours été vers les gens», souligne Michael, papa très attentif à tout. Le cheminement de son fils étant linéaire, les plus beaux souvenirs sont devant lui.