Commerçants lausannois: «Nous avons besoin de savoir comment nous allons payer nos charges»

CORONAVIRUS • Il y a une semaine, face à la pandémie, les autorités vaudoises décidaient la fermeture des bars, restaurants et lieux de loisirs jusqu’au 30 novembre. Dans la foulée, elles annonçaient un plan de soutien à l’économie de 115 millions, dont 50 pour le secteur précité. Des mesures jugées toutefois insuffisantes pour Susan Sax, la présidente de GastroLausanne.

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Lausanne Cités: Une semaine après l’annonce de cette décision prise par le Canton, dans quel état d’esprit êtes-vous?

Susan Sax: Nous ne comprenons toujours pas la cohérence de celle-ci par rapport à d’autres types de commerces qui sont restés ouverts au public. Nous avons adapté notre travail en permanence et énormément investi dans une sécurité sanitaire maximale, avec notamment la pose de plexiglas, alors que nous devions parallèlement réduire le nombre de couverts, donc nos entrées. Et là, bam! Nous sommes contraints de refermer dans un délai très court, particulièrement pour gérer les stocks de marchandises en période de chasse. Impossible de savoir ce qui nous attend, pas d’élément précis quant aux aides que nous pourrons avoir, la plupart d’entre nous se voient amorcer une situation précaire pour les mois à venir.

Le sentiment d’être des laissés pour compte?

Les hôtels, les traiteurs, le monde de la nuit, les indépendants, l’événementiel, dans le genre laissés-pour-compte, nous sommes nombreux! Nous ne faisons en temps normal pas partie de ceux qui demandent des financements externes ou de l’Etat, et contrairement à d’autres secteurs, nous avons passé ces derniers mois à nous mettre au diapason chaque jour pour finalement être contraints à refermer.

Le Canton annonce un plan de soutien de 50 millions de francs à votre secteur et la relance de l’opération «welQome 2» de 20 millions avec des bons valables jusqu’au 31 août 2021. Insuffisant à vos yeux?

Pour commencer il serait bon de savoir avec précision comment cette somme sera répartie. Nous sommes dans le flou et nous avons besoin de savoir comment payer nos charges sociales, nos loyers, l’entretien de nos établissements et de notre matériel, etc. Le pack welQome est bienvenu, mais ne sera pas notre sauveur. Nos pertes d’exploitation ne seront pas couvertes et le moral des troupes a chuté d’autant plus. Ce plan nous semble donc insuffisant tant dans son descriptif que pour son montant. Pour rappel les chiffres lausannois estimés pour l’hôtellerie et la restauration, sans le tourisme ni l’événementiel, ce sont 5000 emplois, 220 millions de francs de masse salariale et 650 millions de francs de chiffre d’affaire...

Que souhaitez-vous de plus ou d’autre?

Nous avons besoin de plus de clarté dans les discours de la classe politique, plus de précisions quant aux procédures à suivre et des délais qui nous permettent de réagir avec professionnalisme. Nous avons besoin d’actes, de la preuve que les cotisations que nous payons tous chaque année depuis des décennies font partie intégrante d’un système politique solidaire et doivent de facto nous être en partie restituées pour éviter la mort de notre branche.

Quoiqu’il en soit, doit-on craindre des fermetures définitives d’ici la fin de l’année ?

Il y en a déjà eu. Il y en aura encore.