Futur SDF, l’observatoire de Lausanne cherche des fonds

LAUSANNE • La société vaudoise d’astronomie cherche des fonds pour construire un nouvel observatoire, l’actuel étant condamné par le projet urbain Métamorphose. La Ville est prête à entrer en matière, mais partiellement.

  • Pour le grand public, la Société vaudoise d’astronomie organise des soirées d’observation hebdomadaires et lors de phénomènes spéciaux des conférences et des visites scolaires. Ci-dessous, le plan du futur observatoire. DR

    Pour le grand public, la Société vaudoise d’astronomie organise des soirées d’observation hebdomadaires et lors de phénomènes spéciaux des conférences et des visites scolaires. Ci-dessous, le plan du futur observatoire. DR

Du haut de ses septante ans, avec ses 200 membres et son succès incontesté auprès du grand public, l’Observatoire d’astronomie des Grandes Roches, à Lausanne aurait pu envisager l’avenir avec sérénité. Et pourtant, construit en 1942 à des fins initialement universitaires, il est tout simplement voué à la démolition, dans la foulée de la future destruction du stade de la Pontaise, condamné à brève ou moyenne échéance par le projet Métarmorphose.

L’affaire aurait pu à terme se révéler sans conséquences pour la Société vaudoise d’astronomie (SVA) qui exploite le lieu, car un local de remplacement était prévu. Et quel local, puisque le futur observatoire devait s’insérer dans un centre tout neuf voulu par la Municipalité au Chalet-à-Gobet et baptisé «La Porte des Etoiles». Outre le nouvel observatoire astronomique, des espaces d’exposition et d’animation étaient également prévus dans ce visionnaire planétarium de 100 places agrémenté d’un centre des sciences et destinés à accueillir plusieurs dizaines de milliers de visiteurs par an.

Mais patatras, en 2007, un incendie au niveau des écuries situées derrière l’auberge du Chalet-à-Gobet sonne le glas de la Porte des Etoiles, abandonnée officiellement en 2014 par la Municipalité faute de sponsors et de mécènes.

«Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés sans rien, alors qu’on allait s’insérer dans un magnifique projet, se souvient Yannick Emery, vice-président de la société vaudoise d’astronomie, association reconnue d’utilité publique.

Résultat: la Société, qui depuis des années accueille gratuitement le public chaque vendredi soir, se retrouve en effet orpheline d’un observatoire qu’elle n’a jamais eu, et est obligée désormais de remettre l’ouvrage sur le métier. Autant dire un départ à zéro pour espérer disposer un jour, enfin, d’un observatoire de remplacement. A zéro? Pas totalement car la Municipalité en échange de l’abandon de la Porte des Etoiles, lui met à disposition une parcelle de terrain, toujours au Chalet-à-Gobet entre le manège et le camping.

Reste donc à trouver les fonds pour bâtir le nouveau lieu d’observation céleste.

Projet à 450’000 francs

Un premier projet, élaboré par un architecte membre de la SVA, est rapidement abandonné, en raison de son coût, estimé à 2 millions de francs. «Nous avons alors travaillé à un second projet low cost, mais fonctionnel et soigné, explique Yannick Emery. On a visé le minimum du minimum, sur la base de containers adaptables et ce afin de diminuer les frais au maximum et arriver à une somme inférieure à 500’000 francs, histoire que ce soit soutenable pour ceux qui accepteraient de nous financer.»

Sollicitée en première intention, la Municipalité se dit prête à entrer en matière, mais pas pour la totalité de la somme recherchée. «C’est indéniablement un projet intéressant et la Municipalité est ouverte à une participation financière mais qui devra être mutualisée avec d’autres partenaires, annonce le syndic Grégoire Junod. Deux conditions me paraissent toutefois importantes: que l’institution, surtout si elle se dote d’un nouvel observatoire, puisse élargir son public et toucher plus de monde; d’autre part Lausanne ne pourra pas être la seule collectivité à soutenir un projet qui a une dimension cantonale et qui dépasse donc les frontières communales».

«Nous sommes un peu déçus car Vevey par exemple, a accepté de financer la rénovation de son observatoire à plus de 800’000 francs, déplore Yannick Emery. Nous attendons juste le courrier officiel de la Municipalité afin d’évaluer la situation et de lancer une recherche de fonds vers d’autres donateurs pour essayer de financer le complément». Charaf Abdessemed