La rue Marterey tient à ses voitures

MOBILITÉ • Fin janvier, les habitants et commerçants de la rue Marterey ont déposé une pétition munie de 3001 signatures pour s’opposer à un postulat souhaitant rendre la rue piétonne. Ils dénoncent une idée «sortie de nulle part».

  • La rue Marterey sera-t-elle un jour totalement piétonne? MISSON

    La rue Marterey sera-t-elle un jour totalement piétonne? MISSON

Alors que de plus en plus de monde se plaint des nuisances sonores dues au trafic automobile en ville, les habitants de la rue Marterey tiennent aux voitures et places de parc de leur rue.

«Nous avons été étonnés de la manière dont le postulat a été déposé, sans nous consulter au préalable.» Audrey Eller et Emmanuelle Germond, vivant ici depuis respectivement plus de 10 et 20 ans, sont unanimes. L’une des craintes principales: que le bruit augmente. Si l’argument peut paraître contre-intuitif, il est en fait réfléchi. Une «piétonisation» de la rue entraînerait, de l’avis des pétitionnaires, une modification des commerces, avec une augmentation de bars et cafés, comme cela s’est fait sur le haut de la rue, interdite au trafic automobile.

Un axe piétonnier

«Les nuisances sonores de jour dues au trafic ne sont pas les mêmes que celles de nuit liées à la vie nocturne», défend Emmanuelle Germond, qui habite le haut de la rue.

«J’ai vu cette partie mourir lors de son interdiction au trafic, témoigne-t-elle. Avant, il y avait déjà beaucoup de vie le matin, aujourd’hui c’est mort. Il y a une bonne entente entre les différents utilisateurs de cette rue: les voitures roulent lentement, les trottoirs sont larges et les places de parc les protègent: en tant que piéton, on ne se sent pas de trop.»

Malgré l’opposition qui lui est témoignée, Manuel Donzé, à l’origine du postulat déposé en 2017, ne reste pas moins convaincu du bien-fondé de sa proposition. Qui est avant tout écologique à l’heure où la place de la voiture en ville est fortement questionnée et que les axes piétons fleurissent.

C’est ce que souhaite justement l’ancien conseiller communal: un axe commerçant sans trafic partant de l’Ours jusqu’à la rue de l’Ale: il ne manque que la rue Marterey.

Habitante de la rue du Bugnon, Abiygaëlle voit l’idée d’un bon œil. Pour elle, «c’est déjà pratiquement une zone piétonne». Elle apprécie particulièrement la dynamique entre les bars et restaurants de la rue et la verrait bien pérennisée par une rue sans voitures. De son côté, Alina, qui emprunte le chemin chaque jour, juge l’idée inutile, justement «parce qu’il n’y a pas tant de trafic que ça».

Résistance organisée

Mais ce que déplorent particulièrement les pétitionnaires, c’est qu’aucune consultation n’ait été effectuée. Pour cause, le postulat de Manuel Donzé demandait justement «d’établir une étude sur la possibilité de rendre le tronçon de la rue Marterey entre la rue Langallerie et la rue Sainte-Beuve 100% piéton, en tenant compte des difficultés potentielles de report de trafic et d’une étude de satisfaction des commerçants et des habitants de la rue.»

Mais à peine l’écho était-il arrivé aux oreilles des concernés que la résistance s’est organisée sans attendre. Et son travail ne s’est pas arrêté avec l’envoi de la pétition au Conseil communal puisqu’une page facebook a été créée en début d’année: on peut y visionner des vidéos de commerçants qui défendent l’équilibre actuel de leur rue.

Le débat au Conseil communal du mois prochain est donc vivement attendu.