«Le combat sur les primes n’est pas fini!»

SANTE • L’initiative populaire fédérale «Assurance-maladie. Pour une liberté d’organisation des cantons» est désormais enterrée faute d’avoir recueilli suffisamment de signatures. Loin d’être refroidi par un projet qu’il a porté avec Mauro Poggia, Pierre-Yves Maillard tire les leçons de cet échec.

  • Pierre-Yves Maillard, conseiller d’Etat sortant en charge de la santé. VERISSIMO

    Pierre-Yves Maillard, conseiller d’Etat sortant en charge de la santé. VERISSIMO

La récolte des signatures en faveur de l’initiative a recueilli à peine la moitié des 100’000 paraphes nécessaires. Comment expliquez-vous cet échec?

Pierre-Yves Maillard: Parce qu’on n’a pas réussi à convaincre les forces politiques et militantes alémaniques. Si, à l’échelle alémanique, on avait rencontré le même succès qu’à Genève, Vaud ou même Neuchâtel, on aurait atteint l’objectif plusieurs mois avant le délai.

Et pourquoi avez-vous échoué à convaincre les Alémaniques?

Afin d’espérer gagner le futur vote des Suisses alémaniques nous avons tenu compte des critiques des opposants au texte de 2014. Ainsi, on proposait pour les cantons une liberté et non une obligation de création de caisse publique.

Parfait, alors pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné?

Paradoxalement, si le texte pouvait réunir des suffrages de manière plus large au moment d’un vote populaire, il n’était manifestement pas assez mobilisateur pour les militants alémaniques qui récoltent des signatures. A tort ou à raison, ils ont craint de ne pas avoir de majorité dans leur canton et donc de devoir s’engager juste pour donner une liberté aux cantons romands.

Cette initiative désormais enterrée, le combat est donc terminé?

Je ne crois pas. J’observe que trois initiatives sont lancées en matière de santé, ce qui a d’ailleurs contribué à limiter l’audience de notre propre texte. Il y a celle des médecins de famille «Oui à la protection des enfants et adolescents face à la publicité pour le tabac», celle du PDC «Baisser les primes – pour un frein aux coûts de la santé» et enfin celle du PS, qui cherche à limiter la charge des primes de l’assurance obligatoire à un maximum de 10% du revenu.

Donc votre propre initiative n’était pas un coup d’épée dans l’eau?

Non, la démarche a secoué le cocotier, et contribué à relancer le débat sur la santé, à une époque où il ne semblait plus rien possible de faire. En outre, ce qui tempère pour moi l’échec, c’est le projet d’initiative fédérale socialiste de limiter dans toute la Suisse la prime à 10% des revenus, inspiré d’ailleurs du modèle vaudois. A défaut d’un changement de système, c’est le moyen le plus concret de répondre au moins à la question des primes, de plus en plus insoutenables pour la classe moyenne.