Le doyen des Vaudois est mort dans sa 111e année

Lausanne Cités vous en avait parlé dans son édition du 12 septembre dernier: le plus vieux Vaudois du monde, Rodolphe Buxcel, originaire de Romainmôtier, et qui vivait à Baroda, non loin de Chicago, vient de mourir dans sa 110e année.

AVIS DE DÉCÈS • «Mon père dormait beaucoup et avait cessé de s’alimenter à cause de problèmes de déglutition. Il est décédé le 26 février», confie sa fille Erika (74 ans). «Je n’ai jamais pensé qu’il vivrait aussi longtemps. Plus jeune, il était souvent malade de l’estomac». Dans un documentaire qui lui a été consacré, il a raconté sa vie en français et en russe, deux des six langues qu’il parlait avec l’allemand, l’ukrainien, le roumain et l’espagnol: «Nous étions riches, mais nous n’avions pas d’argent. Nous avions des domestiques russes et de belles maisons. Mon père possédait 50 ha de vignes et 130 ha de terres arables. Il avait 12 à 15 cochons, des vaches et des chevaux. Lors du battage du blé, on employait une vingtaine d’ouvriers, on les nourrissait avec du bon bortsch. Pour le travail de la vigne, on pouvait compter sur des ouvriers engagés à la demande. Ils habitaient à l’écart», racontait le cadet de dix enfants.

Originaire de Romainmôtier, Rodolphe Buxcel est né à Chabag, dans la colonie suisse qui vivait alors sous Nicolas II. Son ancêtre Jacques-François Buxcel était venu en 1830 avec ses six enfants et son épouse genevoise, née Achar. La famille Buxcel va ainsi gagner la colonie créée en 1822 par le botaniste Louis-Vincent Tardent. Ils y ont prospéré jusqu’au 28 juin 1940, à l’arrivée des Soviétiques: «Du jour au lendemain, nous avons tout perdu. Même le pain laissé dans le four!» En 1950, il décide de gagner l’Uruguay pour y replanter des vignes au bord du Rio Negro: «J’avais peur que Staline envahisse la Suisse!». Son secret de longévité? «Se coucher à 21 h et se lever à 6 h du matin», expliquait celui qui vivait une vie d’ascète avec son AVS à 1400 dollars par mois.