A l’EPFL, des restos sont restés ouverts!

PANDÉMIE • L’ouverture de restaurants et cafétérias sur le campus de l’EPFL durant la période de restriction sanitaire suscite la colère de certains restaurateurs locaux. Ils dénoncent un «deux poids, deux mesures» qui ne semble pourtant pas être illégal.

  • Le SushiZen de l’EPFL,  une «cafétéria d’établissement de formation» ou un restaurant comme les autres?  PHK

    Le SushiZen de l’EPFL, une «cafétéria d’établissement de formation» ou un restaurant comme les autres? PHK

  • Pas de séparation, peu ou pas distanciation sociale au restaurant le Parmentier.  PHK

    Pas de séparation, peu ou pas distanciation sociale au restaurant le Parmentier. PHK

«C’est un véritable scandale. Nous, on n’a pas cessé de nous imposer des règles de plus en plus strictes. On s’est adaptés, ça a coûté cher, on a fait au mieux et au final on nous a quand même obligés à fermer, alors que d’autres font ce qu’ils veulent.» Pierre (*) est dans une colère noire. Ce restaurateur n’en revient toujours pas. De passage la semaine dernière aux heures de midi sur le campus de l’EPFL, quelle n’a pas été sa surprise de constater que Le Parmetier, l’un des nombreux restaurants du campus, affiche quasi complet. Des dizaines de personnes s’y côtoient. La plupart «vu leur jeune âge» étaient des étudiants, estime Pierre, mais il y avait aussi ce qu’il appelle des seniors (profs, invités extérieurs?), tous attablés à plusieurs, sans masques de protection, les tables n’étant séparées par aucun plexiglas ou autre protection, et ne respectant aucune distanciation sociale. «C’est un scandale, nous on crève la gueule ouverte et à quelques kilomètres du centre de Lausanne, on se croirait au Club Med à la Belle Epoque!»

Plusieurs établissements

Ce témoignage n’est pas unique. D’autres restaurateurs, qui ont eu vent de l’histoire, ont appelé notre rédaction pour faire part de leur colère à ce sujet. Une hallucination collective? Pas du tout! Nous l’avons également constaté quelques jours plus tard, à la pause de midi également. Et le Parmentier n’est pas le seul restaurant du campus concerné. Sur la place de l’Esplanade, le self-service du même nom est lui aussi quasi plein. Comme, un peu plus loin, le ShushiZen et les couloirs qui y mènent, remplis d’étudiants en train de manger, collés les uns aux autres. La majorité d‘entre eux ne porte pas de masque et les règles de distanciation sont bien peu respectées.

Le campus de l’EPFL serait-il dès lors devenu une sorte de no man’s land fédéral de la pandémie - la Haute Ecole dépend de la Confédération - où aucune loi n’est respectée? Pas si simple. «Les restaurants et cafétérias encore ouverts sur le site de l’EPFL peuvent exercer en ce moment en tant que cafétérias d’établissement de formation ou d’entreprise», nous a répondu le service de presse de la Haute Ecole. «Au même titre que les bâtiments de l’EPFL eux-mêmes, ils sont fermés au public - la carte Camipro (carte EPFL) fait ici foi, pour le paiement, par exemple.»

Certes, mais quid des règles sanitaires qui semblent bien peu respectées? «Les établissements s’efforcent de faire respecter toutes les règles (...) imposées par le Canton de Vaud», ajoute le service de presse. «La Police du Commerce fait régulièrement des contrôles. Ceux-ci sont en place depuis le début de la crise sanitaire et des rapports nous sont remis. Ils attestent que les contrevenants aux règles en vigueur ont été dénoncés.»

Le service de presse de l’EPFL précise encore que ces contrôles ont été renforcés sur tout le campus et que des personnes dédiées sont chargées de patrouiller dans les bâtiments afin de veiller au respect des règles. Une sorte de «circulez, y a rien à voir» qui fait toutefois bondir le président de Gastrovaud, Gilles Meystre. «A l’heure où la profession se bat pour sa survie, c’est tout simplement inadmissible de constater cela. Je comprends que certains restaurateurs parlent de scandale!» Philippe Kottelat

(*) nom connu de la rédaction