L’idée d’un drug checking à Lausanne fait (enfin) son chemin

PREVENTION • Le jeune conseiller communal socialiste Samuel de Vargas vient de déposer un postulat proposant la création d’une structure d’analyse des drogues. But avoué: réduire les risques pour les consommateurs.

Genève, Berne, Zurich, Bienne ou encore Lucerne, toutes ces villes disposent d’un espace de drug checking. Alors que les milieux de la prévention sont unanimes quant à la nécessité d’un tel lieu, aucune structure de ce type n’existe encore à Lausanne. Une lacune que le conseiller communal socialiste Samuel de Vargas souhaite rapidement combler: «Cet été, j’ai lu un article dans le Lausanne Cités qui mettait en lumière les dangers du cannabis de synthèse. Cela a notamment contribué à me décider de déposer un postulat proposant un dispositif de drug checking à Lausanne, permettant aux consommatrices et consommateurs de stupéfiants de tester leur drogue, comme cela se fait dans d’autres grandes villes suisses.»

Melody Guillaume, collaboratrice scientifique chez Infodrog, la centrale nationale de coordination des addictions, confirme également l’importance d’une telle infrastructure: «Il a été remarqué que dans les régions où une offre de drug checking existe, la qualité/pureté des produits en circulation augmente, diminuant ainsi les risques pour la santé, car les consommateurs savent ce qu’ils vont consommer. De plus, les ajouts de substances de coupe inattendues et potentiellement dangereuses ont tendance à disparaître.»

Selon la spécialiste, un tel espace assurerait aux autorités publiques une meilleure surveillance des produits en circulation. Avec la possibilité d’émettre des alertes si des produits à haut risque pour la santé sont introduits sur le marché. Ce que confirme l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) dans sa dernière étude.

Intérêt de la Ville

Une unanimité qui se retrouve à l’échelon cantonal puisque le Conseil d’Etat vaudois a affirmé, en septembre dernier, que le drug checking doit devenir un outil supplémentaire dans sa stratégie globale de lutte contre la consommation et le trafic de drogues. La Ville s’y montre également plutôt favorable: «Le drug checking est un dispositif de réduction des risques liés à la consommation de produits psychotropes très intéressant, souligne Yann Rod, responsable communication à la Direction des sports et de la cohésion sociale. Il sera discuté au sein de la Municipalité.»

Consommation en baisse

De quoi donner l’espoir à Samuel de Vargas qu’un tel lieu soit bientôt créé à Lausanne: «Cela pourrait être un espace fixe ou une infrastructure mobile qui se déplacerait dans les festivals ou les concerts, cela reste à déterminer.» Avec le risque de voir la consommation de stupéfiants prendre l’ascenseur? «Selon des études menées, 90% des personnes ayant reçu une alerte sur la composition d’une substance analysée réduisent ou cessent leur consommation, rappelle le conseiller communal. Ils se sentent en confiance pour parler de leur dépendance avec des spécialistes des addictions, ce n’est pas toujours le cas quand ils se retrouvent au poste de police…»

Fabio Bonavita