Loi sur la mendicité: un coup d’épée dans l’eau, l'éditorial de Fabio Bonavita

Après des mois de discussions et de circonvolutions, le Conseil d’Etat vaudois a enfin livré sa copie. Il souhaite que la mendicité reste tolérée dans le canton, sauf si elle est «intrusive ou agressive».

Ce projet, qui doit être accepté par le Grand Conseil, prévoit une liste de lieux où il sera interdit de tendre la main: les files d’attente d’un marché, les transports publics et leurs arrêts, les cimetières, les places de jeux, les préaux des écoles, les terrasses, à proximité des banques, des bureaux de poste, des distributeurs automatiques d’argent, des horodateurs et des entrées des magasins.

Si le Canton a dû se pencher sur la question, c’est que la Cour européenne des droits de l’homme avait jugé trop extrême l’interdiction totale en vigueur depuis 2018. Outre le coup porté à notre souverraineté, ce nouveau projet restera probablement un vœu pieu. En effet, il y est indiqué qu’en cas de mendicité dans un lieu interdit, la police invitera la personne à quitter la zone et lui donnera un avertissement (!). En cas de récidive, une amende de 50 francs pourrait lui être infligée.

Pas de quoi dissuader les mendiants puisqu’ils ne règlent presque jamais ces sommes. Gageons qu’ils trouveront aussi de nouvelles méthodes pour contourner la liste des lieux où il sera interdit de faire la manche. Reste une solution efficace pour lutter contre une mendicité qui finance des réseaux criminels et implique souvent la traite des êtres humains: ne rien donner. Si c’est un crève-cœur ou un vœu pieu pour certains, il leur suffit de se rappeler que le filet social, financé par les contribuables, est prévu pour qu’aucun citoyen n’ait à tendre la main dans les rues de notre canton.