Laurent Pannatier, l’autodidacte de l’immobilier lausannois

IMMOBILIER • Quand il a lancé son agence immobilière en 2010, Laurent Pannatier y est allé au culot, sans formation préalable. Plus d’une décennie après, il a réussi son pari en se spécialisant sur le marché lausannois et en misant sur la bienveillance. Une rareté dans le milieu.

  • Laurent Pannatier ne s’attend pas à une baisse des prix de l’immobilier lausannois. VINCENT HOFER

    Laurent Pannatier ne s’attend pas à une baisse des prix de l’immobilier lausannois. VINCENT HOFER

Tordre le cou aux clichés est la première motivation de Laurent Pannatier. La seconde consiste à vendre des logements. Son obsession, parvenir à concilier les deux. Car il le sait, le monde de l’immobilier est souvent comparé à un gang de requins dont l’instinct est de flairer le bon coup, de jouer des coudes.

Si le cliché s’avère parfois vrai, l’entrepreneur de 34 ans a choisi de s’en affranchir et de suivre ses convictions: «Quand je me suis lancé il y a plus de dix ans, mon but n’était pas de faire de l’argent à tout prix. Déjà à l’époque, des courtiers allaient s’acheter une montre de luxe dès qu’il réussissait à vendre un appartement ou une maison. Ils le font toujours aujourd’hui d’ailleurs. Je n’ai jamais été comme ça, ce que j’aime c’est le contact avec les clients. On peut être un excellent vendeur tout en étant bienveillant, j’en suis convaincu.»

Appétit de réussite

Une éthique qui s’explique certainement par une adolescence qui ne l’a pas épargné. Les aléas de la vie, comprendre les coups bas, auraient pu lui inculquer un désir de vengeance. Laurent a décidé de prendre l’autre chemin, celui qui permet de se regarder chaque matin avec fierté dans le miroir. Tout en ressentant en son for intérieur cette envie profonde de réussir qui accompagne souvent les cabossés de la vie. «J’ai dû quitter très jeune le foyer familial, je n’avais donc pas d’autre choix que de me débrouiller pour payer mes factures. C’est certainement pour cela que j’ai mis un terme à mes études universitaires en sciences politiques, je ne m’y sentais pas vraiment à ma place. Je voulais déjà entreprendre.» Très rapidement, il décide de se mettre à son compte. Fourmillant d’idées, il lance d’abord une agence de publicité. Le déclic interviendra quelques mois plus tard quand il ouvrira une société spécialisée dans le coaching scolaire et l’aide à la création d’entreprise. La voie royale pour concrétiser son rêve de gosse: «J’avais enfin toutes les connaissances pour ouvrir mon agence immobilière. A l’âge de seize ans, j’avais envoyé plusieurs demandes de stage chez Bernard Nicod. La pierre m’a toujours attiré, c’est certainement dû au fait que l’immobilier a un impact très fort sur la vie des gens. Avoir un chez soi agréable est fondamental. C’est encore plus vrai depuis la pandémie, les Lausannois se sont rendus compte que de disposer d’un petit jardin ou d’un balcon change la vie quand on est confiné.»

Une prise de conscience qui a poussé de nombreux locataires à vouloir devenir propriétaires. Provoquant au passage un boom des transactions ainsi qu’une hausse substantielle des prix. Là encore, Laurent Pannatier se réjouit surtout pour ses clients: «J’ai vu des propriétaires devenir riches en quelques années, presque malgré eux. Ils me confient souvent leurs joies, leurs doutes ou leurs craintes. Parler d’immobilier revient souvent à rentrer dans la sphère privée des gens, c’est parfois compliqué, souvent gratifiant, toujours passionnant.»

Marché en plein boom

Quant aux risques d’un futur krach, le spécialiste n’hésite pas à les balayer d’un revers de la main. Il prend volontiers l’exemple d’un vaste projet qu’il vient de commercialiser à Prilly. En quelques heures, plus de 600 acheteurs potentiels l’ont contacté. «Si cette demande devait être divisée par trois, ce qui serait énorme, il resterait toujours 200 personnes intéressées donc je ne vois pas comment le marché pourrait s’effondrer.» Ce dynamisme du marché ne l’empêche pas de voir l’avenir avec prudence, quitte à multiplier les nuits blanches pour répondre aux sollicitations de sa clientèle. De ces journées de travail interminables naissent souvent de nouveaux concepts: «J’ai envie de lancer un service sur-mesure proposant à une clientèle fortunée des biens d’exception. Au final, l’expérience m’aura montré que nous restons tous de grands enfants. S’acheter un appartement ou une maison s’apparente à un plaisir de gosse.»