Sans plomb

Malgré les sanctions occidentales la Russie semble mieux résister que prévu. Comment expliquer ce paradoxe?

Au lendemain de l’invasion de l’Ukraine, les spécialistes annonçaient avec assurance l’effondrement économique de la Russie, ce géant aux pieds d’argile. Gel des avoirs, embargo, restrictions diverses… neuf trains de sanctions occidentales plus tard, le pays semble mieux résister que prévu. Le PIB de la Russie n’a connu qu’une contraction de 2,1% en 2022 alors que les économistes l’estimaient à quelque 10%. Le FMI table même sur une légère croissance de 0,3% cette année. Comment Moscou parvient-il à maintenir son économie à flot?

Cette apparente vigueur tient en particulier à la hausse des prix des hydrocarbures enregistrée l’an dernier, qui a largement compensé la baisse des exportations. De quoi permettre à Vladimir Poutine de financer sa guerre tout en redistribuant la manne pétrolière sous forme de prestations sociales, suscitant au passage l’ironie du sénateur américain John McCain pour qui «la Russie est une station-service qui se fait passer pour un pays». Voici donc le nerf de la guerre: la capacité de Moscou à maintenir des prix élevés à la pompe. Dernier épisode en date: la flambée du cours du pétrole la semaine dernière. Elle est la conséquence d’une baisse surprise de la production de brut annoncée par certains membres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole et de ses alliés (Opep+). Parmi ces alliés, on retrouve la Russie. D’une guerre éclair à une guerre d’usure, le sprint initial se transforme en marathon.