Crise climatique: une année sans été pour la Suisse

L'HISTOIRE AUTREMENT - En avril 1815, sur une île indonésienne, le Tambora entre en éruption. Tous les villages situés dans la région de ce volcan sont rayés de la carte, faisant des dizaines de milliers de morts. L’horizon s’obscurcit à des centaines de kilomètres à la ronde. La Suisse n’est pas épargnée.

  • La moyenne des températures de l’été 1816 n’ a pas dépassé les 14°C, à cause des effets du volcan Tambora. 123RF

    La moyenne des températures de l’été 1816 n’ a pas dépassé les 14°C, à cause des effets du volcan Tambora. 123RF

Le lien de causalité entre l’éruption du Tambora et les intenses perturbations climatiques est inconnu à l’époque

En avril 1815, sur une île indonésienne, le Tambora entre en éruption. Tous les villages situés dans la région de ce volcan sont rayés de la carte, faisant des dizaines de milliers de morts. L’horizon s’obscurcit à des centaines de kilomètres à la ronde. Voilà qui n’est pourtant que le début d’une longue série de catastrophes dont l’origine s’explique en grande partie par l’intensité extrême de l’éruption volcanique.

La Suisse n’est pas épargnée. La moyenne des températures de l’été 1816 n’y a pas dépassé les 14°C, à cause des effets du Tambora. Cette année-là, d’épais nuages empêchent le soleil de réchauffer la terre. La neige refuse de fondre dans les Alpes. En plaine, des trombes d’eau inondent le pays, tant et si bien que le Léman déborde et transforme Genève en marécage. Quant aux récoltes, elles sont désastreuses. Le spectre angoissant de la famine rôde bientôt, notamment dans les cantons orientaux.

Pour couronner le tout, le lien de causalité entre l’éruption du Tambora et les intenses perturbations climatiques est inconnu à l’époque. Puisque la science ne permet pas encore d’expliquer ce phénomène naturel, la religion cherche à apporter des réponses. De grandes prières sont organisées pour tenter de contrer les effets des éléments qui se déchaînent. Leur succès est bien maigre…

Dans le but de fuir la misère, de nombreux Suisses quittent leur pays. Parmi eux, un groupe de deux mille individus, dont près de la moitié est d’origine fribourgeoise. Ensemble, ils traversent l’Atlantique dans des conditions épouvantables. Les rescapés débarquent finalement au Brésil et fondent la ville de Nova Friburgo.

La Confédération, avant d’avoir été une terre prospère, était donc bel et bien un pays pauvre qui ne pouvait offrir de perspectives à tous ses habitants, particulièrement en temps de crise. Heureusement, la situation a fini par s’arranger: en 1817, les récoltes sont bonnes. Le pire était derrière...

Ces chroniques sont tirées du blogue Helvetia Historica, consacré à l’histoire et au patrimoine de la Suisse. www.helvetiahistorica.org