Mal au ventre... et si c’était 
le côlon irritable?

Douleur intestinale, constipation, diarrhée… les troubles digestifs sont nombreux. Des solutions préventives existent. 

Au cœur des troubles digestifs, le microbiote intestinal joue un rôle important. Une prise en charge adaptée, que ce soit par l’alimentation ou la complémentation, permet de prévenir l’apparition des troubles digestifs, et d’améliorer l’état de santé et la qualité de vie.
C’est quoi le syndrome du côlon irritable?
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) ou côlon irritable (SCI), aussi appelé colopathie fonctionnelle est un trouble fonctionnel digestif essentiellement colique caractérisé par une douleur abdominale récurrente (au moins une fois par semaine, durant les trois derniers mois), associée à une modification de la fréquence et de la consistance des selles.
La prise en charge peut se révéler décevante car les mécanismes de cette pathologie sont mal connus et multiples et le diagnostic reste difficile. Cependant, il a été montré que le microbiote intestinal est impliqué dans cette pathologie, ce qui en fait une cible thérapeutique majeure.
L’impact de la douleur sur la qualité de vie
En raison de sa chronicité et du degré de douleur qu’il engendre, le SII impacte fortement la qualité de vie des malades, que ce soit au niveau social, professionnel ou encore émotionnel. En effet, les crises de douleurs et de diarrhées présentent un caractère imprévisible qui pèse au quotidien. Les personnes atteintes de SII sont plus à risques de dépression et de troubles anxieux par rapport à la population générale. D’ailleurs, selon un article de la revue Hépato-Gastro et Oncologie Digestive, cette altération de la qualité de vie est aussi importante que celle notée au cours du diabète insulinodépendant ou de l’insuffisance rénale chronique.
Quelle prise en charge?
En raison de la diversité des symptômes du SII, il est difficile d’offrir aux patients une prise en charge type. Les symptômes aigus de ce syndrome sont traités par des solutions efficaces et ponctuelles: anti-diarrhéiques, solutions pour soulager la constipation, antispasmodiques pour diminuer la douleur. Cependant, ces traitements ne vont s’intéresser qu’à une partie des symptômes et n’agissent pas sur la cause du SII. Ces dernières années, de nouveaux mécanismes liés à cette pathologie ont été mis en évidence impliquant l’axe intestin-cerveau. De plus, une bonne alimentation est le premier levier pour enrayer la maladie.
L’implication de l’axe intestin-cerveau dans 
la douleur
En effet l’intestin est en communication permanente avec le cerveau via, entre autres, le système nerveux entérique (SNE), constitué d’environ 500 millions de neurones distribués le long du tube digestif. Toute perturbation de l’écosystème intestinal est donc transmise au cerveau. Mal identifiés, ces messages sont perçus comme un danger et une réponse non adaptée est envoyée au système digestif (diarrhée, douleur…), contribuant à l’aggravation de la perturbation initiale de l’écosystème intestinal. Ils sont ainsi susceptibles de contribuer au phénomène de douleur intestinale chronique.
De nouvelles pistes thérapeutiques
Avec l’étude de plus en plus large du microbiote intestinal, il peut être intéressant de miser sur les probiotiques pour agir sur le SII. Ces micro-organismes vivants, lorsqu’ils sont consommés en quantités adéquates, produisent un bénéfice pour la santé de l’hôte. Dans le cas d’un SII, les probiotiques peuvent agir directement sur l’écosystème intestinal perturbé. De nombreuses études ont d’ailleurs démontré leur intérêt. Par exemple Lactobacillus gasseri permet de diminuer la douleur de manière significative dès la première semaine et en moyenne de plus de 50% après 4 semaines de prise. La qualité de vie, la consistance et la fréquence des selles sont améliorées; parallèlement la prise de médicaments pour la douleur diminue de manière significative. Cependant, il existe de nombreux profils de SII avec des besoins de souches différentes en fonction du niveau de perturbation de l’intestin. Votre pharmacien pourra vous orienter vers le complément adapté à vos symptômes.

 

L’alimentation, premier levier pour enrayer le côlon irritable

Pour les patients atteints du syndrome de l’intestin irritable, l’alimentation est un levier essentiel pour réduire les symptômes. Une alimentation adaptée comme le propose le modèle d’épargne digestive peut permettre le ré-équilibrage du microbiote et une diminution des douleurs abdominales et des ballonnements. Ce modèle alimentaire est à suivre au moins pendant 3 mois.
– Remplacer les crudités par des légumes et des fruits cuits.
– Eviter les légumes riches en fibres qui favorisent la fermentation comme le chou, l’oignon, les topinambours, etc. Les légumineuses (lentilles, pois chiche, haricots...) peuvent être consommées bien cuits et avec prudence.
– Eviter les céréales complètes et 
miser sur les alternatives au blé: sarrasin, quinoa, millet, maïs…
– Limiter l’apport de lactose.
– S’abstenir de consommer des cafés serrés et des alcools forts.
Pour une efficacité optimale, ce modèle alimentaire doit être associé à la prise de probiotiques adaptés et à un travail sur la gestion du stress. On sait aujourd’hui l’importance de son implication dans le syndrome de l’intestin irritable. A plus long terme, le patient pourra réintégrer progressivement des aliments en fonction de leur tolérance individuelle.