Un shootoir sauvage en pleine rue malgré le local d’injection voisin du Vallon

TOXICOMANIE • Alors que Lausanne va ouvrir un deuxième lieu où se droguer pour éviter la consommation sauvage à la place de la Riponne, la situation près du premier local au Vallon est glauque. Reportage et réactions.

  • Une scène terriblement banale dans le quartier du Vallon, à proximité du premier local d’injection. FNT

    Une scène terriblement banale dans le quartier du Vallon, à proximité du premier local d’injection. FNT

  • Le futur local d’injection sera situé au nord de la Riponne.  MISSON-TILLE

    Le futur local d’injection sera situé au nord de la Riponne. MISSON-TILLE

Sortir de chez soi pour aller jeter ses déchets dans un container se révèle être une expérience très diverse selon le quartier où l’on vit à Lausanne. Les habitants du quartier du Vallon en font l’expérience quasi quotidienne depuis quelques années. Voisins de la Fondation ABS (accueil à bas seuil des individus toxicomanes), ils doivent cohabiter avec des personnes dépendantes qui se piquent en plein air sous leurs fenêtres, à moins de 100 mètres du local d’injection de la Ville, géré par la Fondation ABS. Un mini «Letten» - référence au tristement célèbre parc zurichois hanté par de nombreux consommateurs de drogues au début des années 90 - a pris racine dans l’impasse de la place du Vallon.

Bras ensanglantés au milieu des containers

Nous nous y sommes rendus un après-midi ensoleillé d’avril. A quelques pas du local d’injection, trois-quatre personnes agenouillées au milieu des containers de la rue sont en train de se piquer leurs bras sanguinolents à la vue des passants, sans vraiment se cacher.

Croisé sur place, un homme résidant depuis vingt ans dans ce quartier semble fataliste. «La situation s’est dégradée davantage depuis l’installation du local d’injection ici», selon lui. Il assure que la direction de la Fondation ABS a plusieurs fois été alertée de la situation autour de ce lieu. Celle-ci leur aurait fait savoir qu’elle était impuissante face au comportement d’individus qui refusent de venir se shooter dans leurs murs. Un autre habitant croisé sur place décrit des situations de scène ouverte de la came, dès le matin parfois.

Sollicitée à ce sujet, la Fondation ABS n’a pas voulu répondre en absence de son directeur, en vacances. De son côté, la municipale socialiste chargée de la cohésion sociale Emilie Moeschler a laissé Colin Ballif, son responsable du dispositif addictions répondre. Selon lui, à l’aune d’une étude menée par Unisanté, il n’y a pas eu de péjoration dans le quartier du Vallon, même si la problématique demeure complexe. «L’espace de consommation sécurité (ECS) du Vallon contribue à la diminution des risques pour les consommateurs en termes d’hygiène, de santé et d’accompagnement spécialisé, rappelle Colin Ballif. La Fondation ABS a par ailleurs pour mission de faire des passages quotidiens dans le quartier pour garder le lien avec ces personnes dépendantes et les amener à fréquenter l’ECS. Elle participe aussi au ramassage des déchets liés à la consommation.»

Dealers toujours «dénoncés»

Quant au libéral-radical Pierre-Antoine Hildbrand, responsable de la sécurité publique, il n’a pas réagi à nos questions. Seul le porte-parole de la police lausannoise a répondu sur le rôle que les agents auront sur la place de la Riponne en automne, quand le second local d’injection ouvrira. «Ils continueront de dénoncer systématiquement les dealers si un acte de vente est constaté, déclare Sébastien Jost. Un changement marquant par rapport à la situation actuelle vis-à-vis des personnes toxicodépendantes sera la mise en œuvre d’un groupe de travailleurs sociaux dès le mois d’août. Ils œuvreront dans les rues six jours sur sept, directement au contact des consommatrices et consommateurs.» Leur mission: prévenir les incivilités liées à la consommation sur l’espace public et répondre aux riverains. «Une collaboration va se mettre en place entre ces travailleurs sociaux et la police afin d’apporter les meilleures réponses aux problèmes constatés», précise Sébastien Jost.

Le PLR lausannois compte passer à l’offensive

Le groupe PLR interviendra à la prochaine séance du Conseil communal de Lausanne à propos de l’annonce d’un deuxième local d’injection de drogues prévu à la place de la Riponne. «Nous estimons que la manière de faire de la Municipalité manque de légitimité démocratique, explique Mathilde Maillard, présidente du PLR Lausanne et conseillère communale. Surtout sans venir auprès des élus avec un préavis sur un tel sujet sensible.» Elle précise que son parti n’est a priori pas opposé à ce projet, même si elle en déduit un «échec de la politique de gauche» en la matière. Elle souhaite que les autorités expliquent ce qui les a amenées à un tel choix. La jeune élue libérale-radicale dénonce aussi ce qu’elle nomme une «spécialité de la municipale socialiste Emilie Moeschler: «Tout comme pour le projet pilote de vente de cannabis, elle se contente de tenir une conférence de presse pour présenter son programme, en ignorant le Conseil communal.» En outre, Mathilde Maillard attend des bilans réguliers de la Municipalité. Elle et ses camarades de parti ne sont-ils cependant pas gênés politiquement avec le PLR Pierre-Antoine Hildbrand à la tête de la sécurité publique, si appliqué à être collégial avec la majorité de gauche? Elle affirme que non mais admet être mal à l’aise quand ce dernier semble hésitant sur le rôle et la marge de manœuvre que les policiers auront près du nouveau local d’injection.

Le groupe PLR interviendra à la prochaine séance du Conseil communal de Lausanne à propos de l’annonce d’un deuxième local d’injection de drogues prévu à la place de la Riponne. «Nous estimons que la manière de faire de la Municipalité manque de légitimité démocratique, explique Mathilde Maillard, présidente du PLR Lausanne et conseillère communale. Surtout sans venir auprès des élus avec un préavis sur un tel sujet sensible.» Elle précise que son parti n’est a priori pas opposé à ce projet, même si elle en déduit un «échec de la politique de gauche» en la matière. Elle souhaite que les autorités expliquent ce qui les a amenées à un tel choix. La jeune élue libérale-radicale dénonce aussi ce qu’elle nomme une «spécialité de la municipale socialiste Emilie Moeschler: «Tout comme pour le projet pilote de vente de cannabis, elle se contente de tenir une conférence de presse pour présenter son programme, en ignorant le Conseil communal.» En outre, Mathilde Maillard attend des bilans réguliers de la Municipalité. Elle et ses camarades de parti ne sont-ils cependant pas gênés politiquement avec le PLR Pierre-Antoine Hildbrand à la tête de la sécurité publique, si appliqué à être collégial avec la majorité de gauche? Elle affirme que non mais admet être mal à l’aise quand ce dernier semble hésitant sur le rôle et la marge de manœuvre que les policiers auront près du nouveau local d’injection.