Coup de gueule du 29.01.2014

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet

L’économie, c’est nous 

J’ai toujours détesté l’expression «les milieux économiques». En Suisse, pour d’étranges raisons, on l’utilise pour qualifier le grand patronat. Dont l’organisation faîtière s’appelle d’ailleurs «Economie suisse». Ces libellés sont des impostures. Les relayer servilement, c’est se faire le vassal des puissants et des possédants. Les mots ne sont jamais gratuits. D’ailleurs, chez ces gens-là, Monsieur, rien n’est gratuit.

Je n’ai rien contre les patrons. 

Il en faut pour diriger les entreprises. Mais au nom de quoi constitueraient-ils à eux seuls l’ensemble de «l’économie» de notre pays? Un tout petit patron de PME, qui se bat pour payer ses salaires et les assurances sociales de ses employés, il est «l’économie», tout autant qu’un nabab de la finance. Une femme de ménage, un conducteur de tram, un manœuvre sur un chantier, un paysan de montagne, ils sont «l’économie» de ce pays.

Les patrons ne sont pas «l’économie». Ils y jouent certes un rôle majeur, mais ils n’ont pas à s’identifier à elle. En cela, l’expression même «Economie suisse» pour qualifier le grand patronat en dit long sur la volonté de tout s’approprier, même les mots. 

C’est leur droit. Le nôtre, c’est de dire non. Vous avez l’argent, le pouvoir, l’arrogance. Vous n’aurez ni notre verbe, ni notre langue. Vous me permettrez donc de continuer à vous appeler «le grand patronat».