Fait divers de l'été: le banquier qui aimait trop la domination…

GENEVE • Cet été, nous revenons chaque semaine sur un fait divers lémanique ayant marqué les Romands. Aujourd’hui, l’affaire Stern. Ce banquier genevois avait été exécuté par sa maîtresse lors d’un «jeu» sadomaso en 2005.

C’est un cadavre pas comme les autres que les enquêteurs de la police genevoise retrouvent en ce matin du 29 février 2005 dans son appartement de la rue Adrien-Lachenal, aux Eaux-Vives. Il s’agit de celui d’un homme de 50 ans. Son corps, étendu et sanglé sur le lit, est intégralement recouvert d’une combinaison en latex couleur chair. Laquelle s’est refermée sur les quatre balles de 9 mm qui lui ont été tirées à bout portant dans le corps la veille au soir lors d’un «jeu» sadomasochiste. Ses deux plaies à la tête et celles au ventre et au torse ne saignent donc pas. Son nom ne dit rien au grand public mais est bien connu dans le petit monde de la grande banque internationale. Il s’agit du banquier de nationalité française Edouard Stern, une des plus grandes fortunes hexagonales et un ami proche du futur président Sarkozy.

Débauches en tous genres

L’homme cultive une vie sexuelle de débauches en tous genres sur lesquelles toute la lumière ne sera pas faite lors du procès. Et ce à la demande expresse de sa famille. Selon sa volonté, bien que catholique de baptême, le banquier sera enterré au cimetière israélite de Veyrier. Depuis quatre années, le quinquagénaire entretenait une liaison extra conjugale avec une certaine Cécile Brossard. C’est la Française née en 1969 et domiciliée du côté de Montreux au moment des faits, qui a exécuté son amant. Dans un premier temps, après avoir jeté le Smith & Wesson dans le Léman, cette «escort-girl» prend la fuite en Australie. C’est là qu’elle feint d’apprendre la mort de son amant pour finir par revenir en Suisse afin de, selon ses mots, «porter son deuil».

C’est en prison qu’elle le fera car les enquêteurs ont vite abandonné la piste d’une vengeance de la mafia russe pour se pencher sur son sulfureux cas. Edouard Stern s’était fait de nombreux ennemis dans la profession où son agressivité n’était guère appréciée. Mais c’est bien les mauvaises graines semées dans sa vie privée qui auront eu raison de lui. La nuit du drame, une dispute éclate entre le banquier et sa maîtresse. Ils l’interrompent étrangement pour se lancer dans un de leurs habituels jeux sexuels. Lors de ces ébats, Stern lâche la «phrase-gâchette» qui aurait déclenché les coups de feu aux dires de la meurtrière: «Un million de dollars, c'est cher payé pour une pute!»

Une affaire qui fascine

En effet, le Français avait fait verser un million de dollars sur le compte de Cécile Brossard le 12 janvier 2005. Mais le 24 février, il s’était ravisé et avait fait bloquer ce virement par sa mise sous séquestre judiciaire via ses avocats, chose qui avait évidemment mis en rage la concernée… Cette dernière a été condamnée à huit ans et demi de réclusion en juin 2009 par la Cour d'assises de Genève pour le meurtre de son amant sans que la notion de «crime passionnel» ne soit cependant retenue. Lors du procès, ses avocats avaient décrit Edouard Stern comme un manipulateur sans scrupules et un prédateur sexuel et leur cliente comme poussée à bout par ses violences psychologiques. En novembre 2010, après avoir purgé les deux tiers de cette peine, cette dernière a été remise en liberté.

Près de 20 ans après, l’affaire Stern n’en finit pas de fasciner. Plusieurs livres et même un film, dans lequel Laetitia Casta incarne Cécile Brossard, lui ont été consacrée. Et l’émission «Faites entrer l’accusé» n’a pas pu diffuser son épisode sur cette affaire suite à des pressions d’une productrice de l’émission qui n’était autre que la demi-sœur du banquier…