Divorce: ces pères qui veulent retrouver leur dignité

Depuis plus d’une vingtaine d’années, le Mouvement pour la condition paternelle Vaud (MCPV), se bat pour que cela cesse et que l’égalité prônée aujourd’hui concerne aussi les hommes lors d’un divorce.

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FAMILLE • En Suisse, en moyenne un mariage sur deux se termine par un divorce. Le phénomène est récurrent. Avec des hauts et des bas selon les années, mais dans tous les cas avec, à la clé, un éclatement de la cellule familiale et des dommages collatéraux souvent difficiles à éradiquer. Pour les enfants, comme pour les parents, et notamment les pères qui sont aujourd’hui encore les grands sacrifiés d’une justice trop souvent engluée dans une vision éculée selon laquelle Madame doit avoir la garde des enfants par principe quand Monsieur est prié de sagement se satisfaire d’un rôle de pourvoyeur-payeur.

Depuis plus d’une vingtaine d’année, le Mouvement pour la condition paternelle Vaud (MCPV), animé par son fer de lance et porte-parole Julien Dura, se bat pour que cela cesse et que l’égalité prônée aujourd’hui concerne aussi les hommes lors d’un divorce. S’il note que l’entrée en vigueur de l’autorité parentale conjointe, en 2014, a permis à la situation d’évoluer, Julien Dura relève aussi que le plus souvent la tendance est encore de favoriser la mère au détriment du père. Comme ce fut le cas du reste en janvier 2017, quand la nouvelle loi sur la contribution d’entretien a plongé le parent non-gardien, une très large majorité des fois le père donc, encore plus dans un contexte de précarité.

Il y a quelques jours, neuf pères soutenus par le MCPV se sont réunis pour dénoncer le «bottage en touche» des autorités sociales vaudoises et les «dysfonctionnements» de la justice en matière de divorce. Neuf pères, et autant de témoignages poignants qui en disaient long sur les souffrances endurées à la suite d’une rupture très conflictuelle avec la mère de leur enfant. Ce qu’ils ont revendiqué à cette occasion: l’instauration d’un Tribunal de la famille, dotés de juges spécialisés, «seul outil efficace, compétent et impartial en cas de conflit parental», note Julien Dura. Mais le Canton n’en veut toujours pas arguant que, dès l’année prochaine, les justices de paix se doteront d’une Chambre de protection de l’enfant, avec des magistrats qui disposeront d’une formation continue renforcée dans le domaine. Un pas en avant, certes, mais que beaucoup jugent insuffisant en cas de conflit majeur, comme le MCPV.

Aujourd’hui, il peut toutefois désormais compter sur un soutien de poids en la personne du conseiller national et avocat Christian Dandrès, qui porte le projet de Tribunal de famille dans le cadre de la révision du Code de procédure civile. Une bonne nouvelle pour de nombreux pères, laissés pour compte d’un système archaïque, qui ne demandent qu’à retrouver un peu de leur dignité.