A la Grosse-Pierre, le combat contre l’antenne 5G continue

GROGNE • Alors que la Municipalité de Morges vient de lever les 230 oppositions à la pose d’une antenne 5G, les signataires ne désarment toujours pas. Ils demandent expressément une zone d’exclusion à proximité des lieux fréquentés par les enfants. Explications d’un combat au long cours.

230! Ce sont pas moins de 230 signatures qui, en novembre dernier, ont été opposées au dossier de mise à l’enquête d’une antenne 5G dans le quartier de la Grosse-Pierre à Morges. C’est dire si tout le périmètre s’est senti concerné et mobilisé par une perspective qui ne l’enchante guère, un euphémisme pour évoquer les inquiétudes de la population.

Des inquiétudes qui visiblement n’ont pas suscité l’empathie de la Municipalité. Lors de sa séance du 13 février dernier en effet, cette dernière a pris la décision de lever les oppositions, permettant ainsi à la suite de la procédure d’aller de l’avant. «Pour délivrer le permis de construire, la Municipalité se fonde sur l’autorisation délivrée par le Canton, seul compétent en matière de contrôle de l’Ordonnance fédérale sur le rayonnement non ionisant (ORNI), celle-ci tenant compte du principe de précaution» justifie ainsi Giancarlo Stella, le secrétaire municipal de la commune de Morges.

Incompréhension

Cette décision suscite l’incompréhension de Pascal Gemperli, l’un des opposants historiques à l’antenne 5G. «Cette levée ne me surprend pas beaucoup, mais je trouve cette décision un peu légère, explique-t-il. Elle fait passer les intérêts économiques avant les considérations de santé et le principe de précaution, qui n’est clairement pas suffisamment pris en compte. Je rappelle que des études scientifiques ont montré que les ondes électromagnétiques émises par des systèmes de communication peuvent avoir des effets nocifs sur la santé humaine».

«Le principe de précaution est pris en compte et les émissions calculées sont inférieures aux exigences définies par l’ORNI, rétorque Giancarlo Stella. Le principe de précaution décrit dans l’art.11 de la loi fédérale sur la protection de l’environnement (LPE) est déjà pris en compte dans le choix de la valeur limite de l’installation, qui est environ 10 fois plus sévère que la valeur limite prévue pour une situation existante».

Corsier-sur-Vevey a osé…

L’affaire est-elle donc pliée? Pas tout à fait. A Corsier-sur-Vevey, plus d’un an et demi après la mise à l’enquête du projet, la Municipalité vient de décider de refuser le permis de construire pour un mât d’antenne prévu non loin d’une école. «A Morges, trois nouveaux avis d’enquête sont prévus pour la rue Henry Warnery 3, à l’avenue de Chanel 2 et au chemin de Tolochenaz 1-3, dont deux se trouvent, comme à la Grosse-Pierre, à proximité d’écoles et d’un centre d’accueil parascolaire, s’inquiète Pascal Gemperli. La Municipalité peut donc tout à fait agir pour définir au moins une zone d’exclusion à proximité de lieux où se trouvent les enfants.»

D’autres oppositions peuvent encore poindre

Une option que la Ville de Morges n’envisage pas pour l’instant, sans l’exclure pour autant: «Le projet de plan d’affectation communal (PACom) ne contient aucune disposition en la matière, fait remarquer Giancarlo Stella. Mais cette proposition peut émaner d’oppositions lors de la mise à l’enquête publique (qui se termine le 4 juin prochain) du PACom ou/et d’amendements au Conseil communal. Sans préjuger du choix de la Municipalité, je pense pouvoir dire que quand cet élément sera sur la table, elle n’écartera pas d’emblée cette possibilité».