Le «psy» des rues est un câlineur

SOCIETE • Depuis six ans, Yves-Alain Golaz offre chaque semaine des câlins gratuits à la gare de Lausanne. Et s’est fait une notoriété qui dépasse largement les contours de la ville.

  • Yves-Alain à la gared e Lausanne, tenant sa pancarte "câlins gratuits" déjà bien usée. MISSON

    Yves-Alain à la gared e Lausanne, tenant sa pancarte "câlins gratuits" déjà bien usée. MISSON

Vous l’avez peut-être déjà croisé en passant à la gare de Lausanne. Peut-être même l’avez-vous déjà pris dans vos bras. Yves-Alain Golaz, ou «Yago», se tient depuis six ans, une fois par semaine, devant la gare pour une session de câlins gratuits. Au total, cela fait dix ans qu’il se livre à cette activité : un événement qu’il a décidé de fêter cette semaine.

«Ce que j’aime c’est l’échange, rencontrer des nouvelles personnes. Le câlin gratuit est une passerelle qui facilite le contact. Et cela me donne de l’énergie.» Mais cet engagement a également pris une tournure idéologique: «Cela revient à amener quelque chose de positif dans une société qui en manque parfois.»

Les gens se confient

Yves-Alain avoue avoir «pris une claque » en débarquant à la gare en 2009. «Des gens ont commencé à se confier sur des sujets très durs.» Sous ses airs de gros nounours, celui qui s’est fait qualifier de «psy des rues» s’est vite rendu compte qu’il allait devoir s’endurcir face à toutes ces confessions «pour garder de la distance.» Il prend le parti de ne pas juger ou donner de conseils, seulement de l’écoute. «Et c’est ce dont les gens ont besoin.»

S’il se tient depuis six ans à la gare de Lausanne, Yago a commencé les «free hugs» en 2006.

«Au début, c’était pour le fun, j’en faisais dans des lieux fermés et festifs, avec d’autres gens.» Puis il s’est rendu pendant plusieurs années à la gare de Sion, où un homme a d’ailleurs voulu un jour le frapper, car «il pensait que j’attirais les enfants». A part la gare de Lausanne, il est tous les ans au Montreux Jazz Festival et au Marché de Noël de Montreux.

Tout raconter dans un livre?

L’idée est partie d’une blague lancée par l’un de ses amis: écrire un livre. Des anecdotes et des souvenirs, drôles ou poignants, il en conserve des dizaines. «Mais je ne sais pas comment les raconter: trouver une forme, une ligne directrice. L’envie est là mais je ne sais pas encore si cela se concrétisera.»

En attendant, Yves-Alain continuera d’offrir des câlins gratuits, à Lausanne et ailleurs, tant qu’il en aura «la possibilité et l’envie.»