«Beaucoup croient que le sport a toujours existé, alors qu’il a considérablement évolué au cours du XXe siècle. Et cela va continuer!» affirme Jean-Loup Chappelet, professeur de management public et systèmes d’information à l’Institut des hautes études en administration publique de Lausanne. «Il était réservé aux hommes, aux gentlemen, et touchait donc très peu de monde. Aujourd’hui 72% de la population suisse dit faire du sport.»
Imaginer le futur
L’une des visées du colloque qui sera organisé les 17 et 18 mai prochains sur le site universitaire de Dorigny sera donc d’aider les professionnels à réfléchir au sport et à son avenir. «Ils ont souvent le nez dans le guidon, dans la gestion quotidienne. Nous souhaitions donc encourager une discussion prospective», livre Emmanuel Bayle, professeur à l’Institut des sciences du sport de l’UNIL.
Deux questions globales seront au centre des discussions: «Les grands sports actuels, comme le football, le rugby, le tennis ou l’athlétisme, vont-ils continuer d’être au sommet de la pyramide? Et jusqu’où les athlètes iront-ils pour gagner?» ajoute Jean-Loup Chappelet.
Car la hiérarchie des disciplines est mouvante. Et les changements culturels et sociétaux apportent aussi leur lot de questions. Par exemple, l’arrivée massive des femmes sur les terrains. Ou, aujourd’hui, la percée croissante des cybersports. Autant d’éléments qui soulignent la difficulté de s’entendre sur une définition. Jouer à un jeu de football ou de hockey sur sa console, est-ce une pratique sportive? «On admet les échecs, le bridge ou le jeu de go. Alors pourquoi ne pas accepter les cybersports? questionne Jean-Loup Chappelet. Ce sont des pratiques d’une nature différente, qui remettent en cause les modèles existants. Il faut pouvoir les intégrer et les inclure, mais dans des catégories spéciales. »
L’heure de la réforme
Avec les changements qui ont eu lieu dans le domaine sportif au cours de son histoire, ainsi que les nombreux scandales qui ont surgi, les affaires qui touchent aujourd’hui la FIFA et l’UEFA, les matchs truqués ou encore les affaires de dopage par exemple, les questions de la gouvernance et de la régulation des dérives sont devenues fondamentales. Mais pas seulement.
Le défi des réformes
Certaines pistes nouvelles ont fait leur apparition, notamment dans les recherches académiques sur le contrôle du dopage. «Des économistes ont proposé une approche qui consisterait à autoriser le dopage. Il s’agirait de demander aux athlètes d’établir une liste des produits qu’ils prennent et de les contrôler sur la base de leurs déclarations», livre Jean-Loup Chappelet. Approche dissuasive, elle taxerait les contrevenants en cas de contrôle positif à d’autres substances. Révolution donc potentielle pour les athlètes, car à l’heure actuelle les sanctions prises sont sportives ou juridiques, mais pas financières.
«Le défi des réformes est de savoir lesquelles mettre en place pour disposer de dirigeants capables d’anticiper les problèmes, conclut Emmanuel Bayle. Pour lutter contre les dérives telles que la corruption, la prise de produits illicites, les paris truqués ou l’intégrité des personnes. »
Sport Future », 17 et 18 mai
Aula IDHEAP et Centre sport santé UNIL-EPFL
Inscription gratuite mais obligatoire sur: www.unil.ch/idheap/rendez-vous