«Au Moyen-Age, les jeunes étaient bien plus violents!»

LA CÔTE • Face à la multiplication des bagarres impliquant des jeunes et leur traitement par les médias, Manuel Macias, psychiatre et psychothérapeute pour enfants et adolescents sur la Côte, pousse un coup de gueule. Et tente de relativiser un phénomène souvent mis en Une des médias.

  • Pour Manuel Macias, il convient de relativiser la violence des jeunes.

    Pour Manuel Macias, il convient de relativiser la violence des jeunes.

Lausanne Cités: La violence des jeunes défraie la chronique sur la Côte depuis quelques mois, comment expliquez-vous ce phénomène?

Manuel Macias: Disons que, de mon point de vue de psychiatre, je ne ressens pas vraiment pas cette flambée de violence. C'est un sujet que les médias apprécient beaucoup pour en faire leur Une, mais cela ne correspond pas vraiment à ma réalité en tant que spécialiste. Il faut faire attention avec cela car de tels procédés peuvent créer une alarme sociale.

Vous ressentez donc un décalage entre ce que vous lisez et ce que vous vivez quotidiennement auprès des jeunes?

Oui, évidemment. Je dirais même qu'avec des emplois du temps bien remplis, des exigences importantes de la part de l'école et des parents, les jeunes d'aujourd'hui s'en sortent bien. Il ne faut pas oublier qu'ils sont autant soumis au stress que les adultes. Je crois que la jeunesse est vraiment méritante.

Les adolescents sont-ils plus violents aujourd'hui qu'il y a vingt ans?

Pas vraiment! Les jeunes étaient bien plus violents pendant le Moyen-Age. A l'époque, on ne discutait pas et on sortait tout de suite les armes. L'homme s'est amélioré depuis qu'il s'est civilisé. Le tabou de l'agression est encore fort même si cette agressivité fait partie de chacun. Si l'on regarde la violence par rapport à l'âge, la période de la petite enfance est plus agressive que celle de l'adolescence. Dans les préaux, les petits se donnent coups de poing et coups de pieds régulièrement.

Finalement, la violence est un passage obligé?

Disons qu'une absence totale de délits n'est pas un signe normal de l'adolescence. Le jeune se doit de transgresser les règles et les codes moraux imposés par la société.

Comment jugez-vous le système répressif et préventif?

Globalement, cela fonctionne bien. Dans le canton et sur la côte lémanique, on a un niveau très élevé de sensibilité envers les enfants et les ados. Ces derniers sont bien encadrés et ont à disposition différentes structures qui leur permettent d'être aidés.

Entre fracture sociale et malaise propre à l'adolescence, l'augmentation de la violence est-elle inéluctable?

Il est important de bien séparer les choses. Un milieu défavorisé, de la drogue, de l'alcool ou des pathologies de la personnalité peuvent créer des problèmes, mais elles ne font pas forcément des délits. Je ne pense donc pas que l'augmentation de la violence est inéluctable.

Vous êtes donc un éternel positif?

Disons que chaque époque a ses causes de colère. La capacité de l'homme, c'est d'être raisonnable et surtout solidaire de ses semblables. L'homme n'est plus un loup pour l'homme. Je suis vraiment frappé par la capacité de nos jeunes à avoir une conscience sociale très forte. Ils ont surtout envie que le monde devienne meilleur. Ils ont des qualités essentielles comme le sens de l'effort, la responsabilité, l'écoute, la motivation. Ce n'est pas encore la fin du monde. (rires).