A Lausanne, la lutte inégale contre les colonies de corbeaux freux

RÉGULATION• Arrivés en 2012 à Lausanne, ces corvidés bruyants et voraces génèrent plusieurs nuisances dues à leur surpopulation. La Ville utilise un rapace pour les effrayer.

  • Les corbeaux freux nichent dans de grands arbres en colonies, comme ici à Lausanne.

Ouchy, Vidy-Bourget, Pierre-Fleur, pas une seule forêt, pas même le moindre bosquet à Lausanne n’échappe aux colonies de corbeaux. Leurs cris sont bruyants et leurs nids omniprésents dans les branches, haut perchés. Ces volatiles noirs nichent désormais en ville où ils se reproduisent également, avec de nombreux inconvénients: leur bruit dès l’aube, la pollution des déjections, leurs fouilles des poubelles publiques en dispersant les déchets, et l’atteinte à la diversité car ils s'en prennent aux œufs et aux oisillons d'autres espèces. En février dernier, les communes ont commencé la taille des arbres. L’occasion pour certaines de faire enlever les nids de ces oiseaux en surpopulation.

Colonies indésirables

Contactée, Natacha Litzistorf, municipale en charge de l’environnement, précise: «Depuis 2017, plusieurs riverains de colonies dans des quartiers différents ont fait part des nuisances au Service des parcs et domaines. Nous avons suivi chaque cas de manière rigoureuse avec diverses interventions.» La Ville a mis en place plusieurs mesures avec des effets limités dans le temps: suppression des nids de l’année précédente sur les propriétés communales «si cela est techniquement possible», mise à disposition de crécelles aux habitants souffrant de nuisances, et qui doivent alors s'organiser pour des rondes de dérangement des corbeaux freux, et enfin mise en place de mesures d’effarouchement avec un faucon «en cas de dérangement avéré du voisinage».

Autant redouté en ville qu’à la campagne par les agriculteurs qui pestent sur les énormes dégâts causés dans les champs et les pertes financières, ces corvidés ne se laissent cependant pas facilement éloigner. Dotés d’une grande intelligence et d’un sens pointu de l’observation, ils savent s’adapter.

Cohabitation inévitable?

A la suite d’une pétition lancée en 2022 par de nombreux acteurs vaudois de l’économie rurale et soutenue par une majorité de députés du Grand conseil, le gouvernement cantonal semble déterminé à prendre des mesures plus efficaces que par le passé. Le conseiller d’Etat en charge de l'environnement, Vassilis Venizelos, a annoncé en janvier dernier qu'un «plan d'action» serait présenté durant le premier semestre de cette année. Tout en confessant que cette espèce était difficile à réguler. D’autant qu’elle est protégée durant sa période de reproduction du 16 février au 31 juillet par l’ordonnance fédérale sur la chasse. En cas de nuisances avérées, les habitants peuvent toujours contacter un surveillant de la faune communal ou cantonal.