Champions!: le silence gêné des autorités

FINANCES • Le spectacle qui était censé célébrer le cente- naire de la présence du CIO à Lausanne s’est terminé en fiasco financier. C’est le contribuable qui devra assumer la perte d’un million. Gros malaise à une dizaine de jours des élections.

Tout commence avec une idée qui germe, entre autres, dans la tête de Thierry Meyer, rédacteur en chef du quotidien 24 heures. Porté par le succès du show musical le Mur du son qui avait célébré, en 2012, les 250 ans du quotidien vaudois, il imagine un spectacle sur glace avec des célébrités romandes et des projections vidéo sur le Palais de Rumine. Il s’en va proposer ce projet au Conseiller d’Etat Philippe Leuba et à la Ville. La suite, on la connaît déjà, c’est la création d’une association et la délégation de l’organisation et du contrôle des budgets à un directeur d’agence événementielle vraisemblablement pas suffisamment expérimenté et incapable de cadrer les délires mégalo des créateurs du show.

Un budget qui explose

Mois après mois, le Conseiller municipal Marc Vuilleumier, Philippe Leuba et leur comité ont alors assisté à l’explosion du budget lors de séances régulières de pointage. Quelles ont été les tentatives de contenir les déficits à ce moment? Cela reste encore à déterminer. Quelques semaines avant l’événement, ça commence à puer la banqueroute et chacun se met à grincer des dents, en espérant un miracle de la billetterie. Ce dernier n’aura pas lieu, le prix prohibitif, la météo mauvaise et un spectacle pas inoubliable en sont les principales causes.

Contexte d’élections

«Ce genre de dépassement de budget à proximité de l’organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2020 est très inquiétant. Il est temps que nos autorités revoient leurs procédures de surveillance pour que cela n’arrive plus», avance le député vert au Grand Conseil Martial de Montmollin. Il est d’ailleurs l’auteur d’une vingtaine de questions au gouvernement sur le déficit créé par ce spectacle. Aujourd’hui, l’affaire est devenue une véritable bombe politique qui tombe bien mal en période électorale et qui fiche la trouille à tous les

partis. Mais, au final, tous étant plus ou moins partie prenante et les extrêmes antisystèmes n’étant pas très puissantes à Lausanne, les effets promettent d’être limités.

Un silence gênant

Pour le moment, le Conseiller d’Etat Philippe Leuba ne souhaite pas s’exprimer avant la clôture des comptes. Dans l’attente, tout le monde marche sur des braises. Entre un rédacteur en chef dont le journal est étonnamment peu pugnace sur l’affaire, les exécutifs de la Ville et du Canton obligés de plaider l’amateurisme, et des fonctionnaires démunis devant cette situation, les notables de la région peinent à garder la face dans cette histoire. Cet enfer budgétaire était pourtant pavé de bonnes intentions.