Mendicité interdite: Lausanne se prépare

LÉGISLATION • La semaine dernière, le canton de Vaud a interdit la mendicité. Le Grand Conseil a voté de justesse une initiative UDC qui en réclamait l’interdiction sur tout le territoire cantonal. Cette loi sera-t-elle efficace et comment Lausanne va-t-elle l’appliquer? Les réponses de Pierre-Antoine Hildbrand, Municipal en charge de la Sécurité.

  • Pierre-Antoine Hildbrand

    Pierre-Antoine Hildbrand

Les députés ont bataillé pendant plus de deux heures. Les uns jugeaient l’interdiction inefficace, les autres estimaient qu’il était indispensable d’agir. Au final, l’UDC et une large majorité du PLR ont réussi à faire adopter l’initiative déposée en 2013. Elle a passé la rampe par 60 voix contre 56 et 5 abstentions.

Lausanne Cités: Le Grand Conseil vaudois a décidé d’interdire la mendicité dans le canton. Qu’en pensez-vous?

Pierre-Antoine Hildbrand: Je prends acte de la décision du Grand Conseil et, comme membre d’un exécutif, je vais m’abstenir de la commenter. Si la loi entre en vigueur, le travail de la Police lausannoise sera facilité par la clarté qu’apporte une interdiction légale cantonale qui est plus large que celle actuellement en vigueur à Lausanne.

Sous réserve d’un délai référendaire de 60 jours, cette division pourrait prendre effet au 1er janvier prochain. Comment comptez-vous pratiquement l’appliquer?

Nous attendons des informations précises de l’État sur la date d’entrée en vigueur que nous respecterons bien entendu. Il nous faudra sans doute prévoir en parallèle une campagne d’information.

La loi prévoit des amendes. Or, ces mendiants n’ont par définition pas d’argent. Comment les contraindre à payer? En les envoyant en prison où ils coûteront plus cher encore à la collectivité ?

Il s’agit d’abord d’envoyer un signal clair que la mendicité ne sera plus permise. Il convient ensuite d’agir avec humanité et fermeté afin d’empêcher les comportements contraires à la loi. Le fait d’avoir défini une infraction permet d’abord à la police d’intervenir pour faire cesser le trouble. Il n’est pas rare que la police renonce à dénoncer un délinquant si celui-ci cesse son activité. L’exécution de la peine, en l’occurrence l’encaissement effectif de l’amende, est finalement secondaire. Le but premier est d’éviter la mendicité régulière. Avant la phase de dénonciation, nous pourrions effectuer un travail d’information sur la nouvelle législation et ses conséquences.

Ce type d’expérience a déjà été tenté ailleurs, notamment à Genève, avec des résultats mitigés. En définitive, ne craignez-vous pas que cela se produise de la même manière à Lausanne?

On verra à l’usage. L’interdiction devra être appliquée. Par ailleurs, il convient d’aider les personnes marginalisées à s’insérer dans la société par un travail ou y parvenir au moyen d’une formation. S’agissant des personnes sans titres de séjour, elles doivent être prises en charge par les services sociaux de leur pays de résidence.