«Non, la police n’est pas raciste!»

POLEMIQUE • Municipal en charge de la police Pierre-Antoine Hildbrand récuse toute accusation de racisme de la part des forces de l’ordre, un Nigérian de 40 ans étant décédé en février dernier lors d’une intervention musclée.

  •  Pierre-Antoine Hildbrand. dr

    Pierre-Antoine Hildbrand. dr

La police de Lausanne est-elle raciste, faisant régner «un climat de peur» comme l’en accuse l’extrême gauche?

La police a pour mission de garantir la sécurité de la société et de l’ensemble de la population. Il n’est pas juste de prétendre que la police pourrait être un facteur de peur pour des groupes de personnes vivant dans le canton de Vaud ou à Lausanne. Les policiers ne sont ni des «assassins» ni des fonctionnaires coupables de «racisme» ou de «délits de faciès». J’affirme donc mon soutien au travail de la police. En revanche, en cas d’infractions avérées et condamnées, il est juste que les auteurs de ces infractions soient sanctionnés, à la fois sur le plan pénal et administratif. Une attention particulière est prêtée à l’action de la police et au rappel constant des principes constitutionnels (légalité, proportionnalité), ainsi que de la dignité humaine lors des interventions. Il n’y a pas d’impunité.

Y a-t-il des recommandations édictées au sein de la police lausannoise pour prévenir toute expression de racisme de la part des forces de l’ordre?

La police de Lausanne est active dans le domaine de la formation de son personnel. A ce titre, avec ses partenaires, elle pilote plusieurs formations spécifiques en matière de compréhension de la société en mutation. Elle dispose d’un comité d’éthique dont le rôle est de poser un regard particulier sur les questions de société sensibles. D’ailleurs, sa première saisie portait sur la question du «délit de faciès». Cette commission poursuit aujourd’hui ses réflexions sur ce sujet. Et en matière de déontologie, le Code de déontologie de l’organisation policière vaudoise mentionne explicitement: «le policier respecte les droits et la dignité de toute personne sous sa responsabilité ou en contact avec lui durant l’exercice de sa fonction».

Dans le même ordre d’idées, la police lausannoise mène-t-elle une politique «active» de recrutement de policiers en uniforme d’origines ethniques diverses?

La police de Lausanne recrute chaque année du personnel dans le cadre d’une campagne où elle évalue toutes les candidatures. Elle ne privilégie pas l’engagement de nouveaux collaborateurs en fonction de leur origine, mais sur la qualité des dossiers et des parcours effectués. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’elle peut fièrement compter aujourd’hui sur des profils variés.

Le deal pose un véritable problème dans le centre de Lausanne. Y a-t-il selon vous un moyen à la fois humain et ferme d’agir pour régler cette question qui empoisonne la vie des Lausannois depuis des années?

Cette question est complexe et pose un défi à la majorité des dirigeants des grandes villes européennes. Ce phénomène dépasse largement la simple prise en charge policière, car il touche de nombreux autres secteurs, notamment ceux de la santé publique, du social et des différents maillons de la chaîne pénale (condamnations, incarcérations ou renvois) de rangs supérieurs. Des actions impliquant plusieurs partenaires sont en cours d’élaboration.