«Panser» les blessures de guerre en Ouganda

AIDE HUMANITAIRE • Deux jeunes Lausannois, Varinia Dieperink et Martin Bovay s’apprêtent à embarquer pour deux ans de travail social et d’archivage au Nord de l’Ouganda. Le tout s’intègre dans un travail global visant à guérir la société de ses traumatismes.

  • Découvrir l’histoire d’un pays au travers de la narration des habitants.  DR

    Découvrir l’histoire d’un pays au travers de la narration des habitants. DR

C’est un grand défi et également une nouvelle vie qui attendent les Lausannois Varinia Dieperink et son compagnon Martin Bovay, dès janvier 2021. En effet, le couple s’est engagé pour deux ans à rejoindre l’ONG Refugee Law Project (RLP), en Ouganda, respectivement en tant que travailleuse sociale et archiviste. Une expérience au service de la justice.

La justice transitionnelle

A 27 ans, Varinia vient de terminer son emploi auprès des mineurs non accompagnés de l’EVAM. «Après trois ans de travail avec les réfugiés, je pense que cette nouvelle étape est une belle façon de transposer mes compétences dans un contexte différent. C’est un grand changement, une autre réalité. Découvrir l’histoire d’un pays au travers de la narration des habitants est totalement différent que de la lire dans des livres.» A Gulu, au Nord de l’Ouganda, son travail consistera à apporter ses compétences en soutien à l’équipe de travailleurs sociaux de RLP, dans un pays où le domaine social fait cruellement défaut. Au fil du temps, elle sera peut-être amenée – et elle l’aimerait beaucoup - à travailler avec les bénéficiaires de l’organisation, traînant de lourds traumatismes hérités de la guerre civile qui a meurtri le pays de 1986 jusqu’au début des années 2000.

C’est d’ailleurs dans le domaine de la justice transitionnelle que s’inscrit leur activité. Le terme s’applique à des mesures permettant de remédier à l’héritage des sociétés victimes d’abus des droits humains. La documentation, la reconnaissance des victimes ou la commémoration des violations passées en font partie intégrante; en les mettant en pratique, le principe est que les chances de la société de revenir à un fonctionnement pacifié et démocratique sont multipliées.

Des archives inédites

Quant à Martin, il exercera en tant qu’archiviste pour l’ONG locale. Durant ses études – il a obtenu son master en sciences politiques et histoire internationale en août dernier – le jeune homme de 26 ans a déjà pu s’essayer au métier, notamment auprès de Terres des Hommes et de Sentinelles. Aujourd’hui, ce qui l’attend est inédit. Son objectif sera de collecter la documentation récoltée par l’organisation RLP au sujet de la guerre civile, et de mettre en place un système d’archivage qui permette de la valoriser. Le but: que ces archives servent, en étant accessibles, à dépasser le spectre du conflit. « C’est une tâche riche et passionnante de pouvoir contribuer à faire exister des oubliés de l’histoire, et de mettre au jour des archives inédites.»

Un projet qui a du sens

Pour autant, Martin et Varinia ne se disent pas «appelés au travail humanitaire.» Mais à ce stade de notre parcours, le projet représente une transition idéale et revêt beaucoup de sens.» C’est grâce au soutien de l’ONG Suisse Eireine, que le couple se retrouve à faire ses bagages pour passer deux ans dans la deuxième plus grande ville ougandaise. Eirene s’engage pour le renforcement des sociétés civiles œuvrant dans des contextes instables et promeut le transfert de compétences entre les pays du sud et du nord.

Quand a Refugee Law Project, l’ONG dans laquelle ils travailleront, elle s’engage pour que les réfugiés et déplacés jouissent de leurs droits humains et civiques.