Quand l’Opéra de Lausanne se met en route... lyrique

ROUTE LYRIQUE • Pour la cinquième fois, l’Opéra de Lausanne organise sa Route Lyrique, un spectacle itinérant à travers la Suisse romande. L’occasion de rendre accessible à tous cet art qui souffre encore, à tort, d’une image vieillotte et ennuyeuse.

  • De g. à d. Pierre Héritier, Laurène Paternò et le metteur en scène Jean-François Vinciguerra, respectivement interprètes de Rodomont, Mélusine et Merlin. MISSON

    De g. à d. Pierre Héritier, Laurène Paternò et le metteur en scène Jean-François Vinciguerra, respectivement interprètes de Rodomont, Mélusine et Merlin. MISSON

«Les chevaliers de la Table ronde d’Hervé est bien loin de la légende arthurienne», annonce d’emblée Jean-François Vinciguerra, metteur en scène et chanteur. «Elle a plutôt un côté vaudeville où les histoires de couple et relations humaines sont au centre de l’histoire.» Le tout dans un décor de château fort, auquel le metteur en scène tenait afin de rappeler «les châteaux de chevaliers de notre enfance ».

Se réinventer à chaque reproduction

«Les chevaliers de la Table ronde» est un opéra comique du compositeur Hervé, adapté et mis en scène par Jean-François Vinciguerra pour cette 5ème édition de la Route Lyrique de l’opéra de Lausanne. Sa particularité réside dans ses vingt représentations, dans 19 lieux de Suisse romande. Un opéra itinérant: une première pour bon nombre de chanteurs, expérimentés ou non. «Ce n’est pas dans les habitudes des chanteurs d’opéra d’effectuer autant de représentations, parfois même plusieurs soirs de suite» détaille Laurène Paternò, interprète de la vilaine enchanteresse Mélusine. Habituellement, un opéra comprend en effet cinq à six représentations, espacées de quelques jours. «Cela demande beaucoup d’énergie pour «réinventer» à chaque fois le personnage. J’essaie de ne pas oublier que si, pour nous, il s’agit de la vingtième représentation, pour ceux qui viennent le voir, c’est la première!»

Des contraintes inhabituelles

Produire un opéra sur les routes suscite également quelques contraintes – «plaisirs», corrige le metteur en scène. La première: le décor doit pouvoir rentrer dans toutes les salles de la tournée. Si bien que des tours de château plus petites sont prévues pour les lieux où le décor complet ne rentre pas. Et en plus des contraintes techniques, le défi est de taille pour les chanteurs. «L’acoustique de chaque lieu est différente. Nous avons très peu de temps d’adaptation et devons effectuer des raccords rapides dans chaque endroit», explique Pierre Héritier, interprète du duc Rodomont, père d’Angélique, à qui il prendra résolution de trouver un mari grâce à un concours chevaleresque. «Honnêtement, je pense que ce sont les techniciens, habilleuses et machinistes qui ont le plus de boulot sur une tournée pareille. Nous nous produisons souvent dans des lieux publics, comme le Château de Chillon, et devons respecter les lieux qui reçoivent des visiteurs. Parfois, il y a des horaires plutôt serrés pour tout mettre en place», ajoute encore le metteur en scène.

La Route Lyrique, qui existe depuis 2010, permet notamment à de jeunes chanteurs de faire leur première expérience de soliste. L’orchestre est également composé en grande majorité d’étudiants de la Haute école de musique de Lausanne (HEMU).

Entrée libre le 15 juin à 19h et le 16 juin à 17h à l’Opéra de Lausanne. Autres dates disponibles sur www.opera-lausanne.ch/ show/route-lyrique-2019