Rue de l’Ale: les commerçants orphelins

COMMERCE • Au terme de près de 50 ans d’existence, le Groupement des commerçants de l’Ale va mettre la clé sous le paillasson. Faute de combattants. La fin d’une époque. Souvenirs et nostalgie au rendez-vous.

C’est une page d’histoire qui va se tourner. Une page vieille de 48 ans! Le 31 décembre, le Groupement des commerçants et artisans de la rue de l’Ale va fermer boutique. Faute de combattants suffisamment motivés pour le faire vivre. Et au grand dam des quelques membres qui, ces dernières années, se sont battus pour qu’il ne disparaisse pas! Une décision qui ravive quelques souvenirs.

Une autre époque

«Dans les années soixante, on appelait la rue de l’Ale “la rue des bonnes affaires”. Tous les commerces étaient familiaux et chacun faisait preuve d’un grand esprit de solidarité», explique Jean-Pierre Clavien, patron d’Images Plus et président du Groupement des commerçants de la rue depuis 2001. «Mais au fil des ans, l’ambiance a considérablement changé. Les artisans ont peu à peu disparu, les petits patrons ont fermé boutiques et celles-ci ont été vendues à des chaînes. Rien n’est plus vraiment comme avant. »

«Tout a changé, c’est vrai», renchérit Freddy Meylan, à la tête de l’horlogerie du même nom depuis trois générations. «À l’époque, la rue de l’Ale, c’était une famille. Il y avait encore des trottoirs et des véhicules circulaient. C’était une petite rue très animée, très vivante. Et même quand elle a été pavée et que la circulation a été interdite, elle est longtemps restée un endroit très couru que même les commerçants de la rue de Bourg enviaient.»

C’était le temps du dynamisme et de l’esprit de solidarité. Les patrons comme les artisans qui, pour beaucoup habitaient sur place, mouillaient leur chemise en organisant des événements de quartier qui attiraient les chalands en masse. «Ils n’hésitaient pas à mettre la main au porte-monnaie pour que la fête soit belle et que la rue soit vivante», ajoute Jean-Pierre Clavien.

Une pointe de nostalgie

Mais au fil du temps, tout cela a peu à peu disparu: les chaînes ont pris le dessus et leurs gérants se sentent visiblement moins concernés par la vie de quartier. Le soir, on ferme boutique et on baisse le rideau métallique avant de rentrer chez soi, le plus souvent ailleurs que sur place. «Les commerçants n’ont plus la volonté de faire les choses ensemble. La rue s’est tellement transformée qu’une association de défense des commerçants n’a plus de raison d’être», résume Jean-Pierre Clavien.

En cette fin d’année, les quelques «anciens» qui tenaient à bout de bras le Groupement vont donc mettre la clé sous le paillasson. Sans verser de larmes, mais avec une pointe de nostalgie. Tout en étant persuadés que, malgré cela, la rue a encore du potentiel et une part de joie de vivre qu’on retrouve notamment les jours de marché.