Ruth Morf Steudler: «Le jour où j’ai rencontré la mort»

PORTRAIT • Fiduciaire, graphologue, rebouteuse, thanatonaute... Ruth Morf Steudler, mue par une curiosité insatiable, a eu mille vies. Retour sur le parcours de cette Lausannoise atypique.

  •  Ruth Morf Steudler avec un de ses chats auxquels elle vous un amour sans bornes. ca

    Ruth Morf Steudler avec un de ses chats auxquels elle vous un amour sans bornes. ca

  • «Y a-t-il une vie après la mort?» Ruth Morf Steudler, Vérone éditions, Paris, 2017.

    «Y a-t-il une vie après la mort?» Ruth Morf Steudler, Vérone éditions, Paris, 2017.

Un regard bleu azur, une silhouette de jeune fille, un sourire éclatant... Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser cette Lausannoise tout juste septuagénaire à rédiger, puis à publier ces derniers jours, un court mais saisissant ouvrage intitulé «Y a-t-il une vie après la mort?».

Il faut dire que le parcours de cette Suisse allemande arrivée à Lausanne en... 1969 ne laisse pas de surprendre: une enfance «presque» normale, dans une famille alémanique ordinaire, mais à une époque où il convient de ne surtout pas poser trop de questions. Sauf que des questions, la jeune Ruth en a, et beaucoup. Avec très très jeune, une interrogation, lancinante et souvent bien peu comprise par son entourage: «Quel sens donner à la vie?».

A 22 ans, Ruth décide de quitter la Suisse alémanique, attirée de longue date par Lausanne. Elle va y travailler comme fiduciaire à la BCV ayant obtenu un CFC d’employée de commerce, sa mère lui ayant «interdit d’aller à l’université».

Seulement voilà, faute de pouvoir devenir vétérinaire - Ruth Morf Steudler voue une véritable adoration aux animaux, tellement «vrais» -, la jeune femme entamera une quête de connaissance qui, toute sa vie durant, la conduira sans cesse à explorer des horizons nouveaux. Elle lit énormément, se renseigne beaucoup, et se forme tout autant, obtenant au passage une multitude de diplômes: graphologie, massage sportif, chirologie, cours de sauveteurs, initiation à l’hypnose, numérologie, shiatsu, homéopathie, et bien d’autres.

«Un jour, quelqu’un m’a parlé d’astrologie, explique-t-elle. Et j’ai répondu: “je n’y crois” pas. Ce à quoi on m’a rétorqué: “on ne parle pas de quelque chose que l’on ne connaît pas”. C’est une leçon que je n’ai jamais oubliée et depuis, je me renseigne avant de parler de quelque chose!»

Mourir, c’est génial

Et puis, Ruth Morf Steudler n’aurait jamais été ce qu’elle est sans cette expérience unique survenue avant l’âge de 30 ans, dans une vie qui a pourtant été ponctuée de drames: au cours d’une banale opération chirurgicale, son cœur s’arrête de battre. Elle meurt... «Mais, oui cela a été une expérience géniale. Et je n’en suis revenue que parce que quelqu’un m’a dit que j’avais des enfants! Depuis ce moment-là je n’ai plus peur de la mort, j’ai vu qu’il y avait quelque chose après!»

Pourtant cette fille d’un père athée et d’une mère très croyante, ne se reconnaît dans aucune Eglise, aucune religion. Les moutons de Panurge, elle en a une sainte horreur, l’essentiel étant de n’appartenir à aucune chapelle, ni religieuse, ni politique, mais de toujours exercer son libre arbitre et réfléchir par soi-même.

Un credo qu’elle entend transmettre à travers les livres qu’elle écrit, au moins tout autant que ce que son chemin à travers la mort lui a appris. Car désormais, la septuagénaire a trouvé le sens à donner à sa vie: transmettre, et encore transmettre, par l’écriture. «La vie est ainsi, conclut-elle. D’abord on apprend, ensuite on essaye de se perfectionner et enfin on transmet».

«Y a-t-il une vie après la mort?» Ruth Morf Steudler, Vérone éditions, Paris, 2017.