Une campagne qui fâche... déjà!

CIRCULATION • La police lausannoise lance une campagne de sensibilisation pour la libération des carrefours. Mais elle fait déjà grogner les automobilistes qui y voient une nouvelle manière de les culpabiliser, alors que la Ville croule sous les travaux routiers.

«Plutôt que de viser une nouvelle fois les automobilistes pour se faire du fric, la Ville ferait mieux de planifier correctement ses travaux, on n’en serait pas là!» Le ton est donné. Alors que la police de Lausanne vient de lancer une campagne de sensibilisation pour la libération des carrefours, la grogne est plutôt de mise chez les automobilistes qui y voient pour beaucoup une nouvelle manière de les culpabiliser, avant de les sanctionner, alors que la capitale vaudoise croule sous les travaux routiers qui provoquent une véritable gabegie à de nombreux carrefours.

Une base légale

«Pour les véhicules d’urgence, dchaque seconde compte!» Le slogan utilisé pour lancer cette campagne de prévention découle toutefois du bon sens. Et cette dernière s’appuie également sur une base légale, l’article 14 de l’OCR (Ordonnance sur les règles de la circulation routière), qui stipule que «celui qui est tenu d’accorder la priorité ne doit pas gêner dans sa marche le conducteur bénéficiaire de la priorité. Il réduira sa vitesse à temps et, s’il doit attendre, s’arrêtera avant le début de l’intersection.» Parmi ces conducteurs bénéficiaires, les véhicules du service du feu, du service de santé, de la police et de la douane qui sont annoncés par le feu bleu et leur avertisseur à deux tons. Ils ont la priorité sur tous les usagers de la route, même aux endroits où la circulation est réglée par des signaux lumineux. Déroger à cette règle peut être sanctionné d’une amende d’ordre de 60 francs!

Du bon sens, mais...

«Trop souvent, les usagers de la route veulent à tous prix passer aux feux verts et se retrouvent par la suite bloqués au milieu des carrefours, barrant ainsi la voie aux véhicules circulant dans le sens transversal. Lutter contre l’engor- dgement des carrefours est dans l’intérêt de tous» ajoute la police lausannoise. «Cette remarque est pleine de bon sens», constate un autre automobiliste. «Reste à savoir comment l’appliquer avec un minimum d’intelligence, car aux heures de pointe, le matin comme le soir, avec tous les travaux en cours vous pouvez être attentif, anticiper, ne pas forcer le passage au vert coûte que coûte et vous retrouver tout de même bloqué quelques mètres plus loin. Le carrefour de Chauderon en est un parfait exemple.» Et d’ajouter non sans ironie: «Cette campagne est peut-être adéquate sur le fond, mais elle tombe juste au mauvais moment. Car aujourd’hui c’est peut-être ceux qui planifient les travaux aussi mal qui devraient être sanctionnés et non les automobilistes qui ne font que les subir et s’en accomodent comme ils peuvent!»