Coup de coeur - Coup de griffe du 26.03.2014

Olivier Py, le nouveau directeur du Festival d’Avignon, est un grand du théâtre. Certaines de ses mises en scène sont visionnaires. Mais ces qualités-là, éminentes sur le plan artistique, ne qualifient pas nécessairement pour un jugement politique pertinent. Preuve, la déclaration proprement ahurissante de Py, lundi 24 mars: «Si le Front National l’emporte en Avignon, le Festival n’aura aucune autre solution que de partir».

Partir, pourquoi? Parce qu’une majorité républicaine, dans un processus parfaitement démocratique, aurait choisi d’élire une équipe qui ne convient pas à M. Py? Singulière posture, déjà parce qu’elle dévoile un lien bien étroit entre le Festival et l’autorité politique, quelle qu’elle soit. Surtout, parce qu’elle fait dépendre la pérennité d’une institution légendaire, au rayonnement mondial, de l’humeur d’un directeur face à un changement politique décidé par le peuple.

Pire: Olivier Py se comporte comme si le Festival lui appartenait. Si la nouvelle Mairie ne lui convient pas, qu’il quitte, lui, l’institution. Au nom de quoi irait-il l’arracher au Palais des Papes, dans un improbable exil ne justifiant que son mouvement d’humeur personnel? Non seulement cette déclaration intempestive fleure l’arrogance, mais politiquement, elle ira à fins contraires : le corps électoral d’Avignon votera, dimanche 30 mars, pour qui il voudra, FN ou pas. Nul mentor, fût-il un génie de la scène, ne pourra se substituer à la puissance de sa conviction citoyenne