L'écoquartier Central Malley prend 
ses aises entre Prilly et Renens

URBANISME • Au cœur de l'Ouest lausannois, les bâtiments de Central Malley sortent progressivement de terre. L’initiative de CFF Immobilier cherche à combiner innovation et durabilité dans un vaste projet urbain dont l’achèvement est prévu à l’horizon 2025.

  • L’écoquartier se donne pour objectif de stimuler l’économie locale tout en répondant à la demande croissante de logements. MISSON-TILLE

«Jusqu’à présent, nous n’avons eu aucun retour ou plainte de riverains»
Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF

Au sud de la halte ferroviaire de Prilly-Malley, difficile de ne pas remarquer les imposantes grues qui dominent les lieux depuis plusieurs mois. Le paysage subit une transformation importante là où s'étendait encore récemment un grand terrain industriel. Né d’une collaboration étroite avec les communes de Prilly et Renens, l’écoquartier prévoit à terme des logements, des bureaux, des commerces et des espaces verts sur une superficie totale d’environ 42 000 m2.
Visée durable
Les 600 emplois et les 200 appartements envisagés, allant du studio au 5 pièces et demi, devraient accueillir environ 400 nouveaux habitants. Cette modification s'inscrit dans le cadre d’une redynamisation de la zone, déjà initiée par des projets tels que le centre commercial Malley Lumière et la Vaudoise aréna.
Situé à proximité de plusieurs arrêts de bus, métro et train, le quartier en construction bénéficie d’une offre complète de transports en commun pour rejoindre le centre-ville. Quant à sa durabilité, elle est validée par la certification «site 2000 watts» un label désormais remplacé par «Minergie-Quartier» et «SNBS-Quartier». Malgré les habituelles craintes concernant de tels chantiers, l'accueil réservé à l'écoquartier est globalement positif d’après les commerçants et voisins rencontrés lors de notre reportage. Miguel, 30 ans, locataire à la rue du Chablais, tient cependant à nuancer: «Les travaux sont gênants lorsqu’on a des horaires de travail décalés, car ils débutent tôt dans la journée. Les horaires réglementés ne sont pas forcément respectés, j’entends souvent les premiers coups de pioches bien avant sept heures du matin. Le bruit est d'autant plus présent dans mon cas que je réside dans un bâtiment ancien avec une mauvaise isolation.» Interrogé à ce sujet, Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF, nuance: «Jusqu’à présent, nous n’avons eu aucun retour ou plainte de riverains, malgré les quelques contraintes (trafic, autres chantiers à proximité) dues à l’emplacement à l’entrée de la ville.»
Embouteillages aux heures de pointe
Plusieurs voisins attribuent justement ces nuisances aux autres chantiers des environs. La construction de nouveaux immeubles locatifs à Grand-Pré, ainsi que les transformations majeures liées au futur tramway lausannois, qui reliera Renens au centre de Lausanne d'ici à 2026, en font partie. Tous ces travaux engendrent une circulation accrue et de nombreux embouteillages aux heures de pointe, notamment entre l’avenue du Chablais et la rue de Genève. La question de l’impact de visiteurs supplémentaires se pose, dans une zone où la circulation est déjà dense et les places de parking, de moins en moins présentes. La restructuration du secteur mise sur la mobilité douce et les zones modérées pour diminuer le trafic; une approche qui va de pair avec le plan climat de la Municipalité de Lausanne. Adopté en 2021, la mesure vise à limiter l’utilisation de la voiture en ville. Les conducteurs traversant le secteur doivent donc s’armer de patience, même si les travaux, organisés par phases successives, maintiennent la circulation dans les deux sens ainsi que l’accès aux riverains et aux lieux avoisinants.
Impact pour le commerce local
Quant aux commerçants locaux, ils voient dans l’écoquartier une opportunité de développer leurs propres activités. «Plus de résidents et visiteurs signifie plus de clients potentiels pour nous», indique un employé du Café des Bouchers, situé de l’autre côté de la rue. Les restaurants, bars et enseignes prévus au rez-de-chaussée du futur quartier devraient voir dans leur clientèle privilégiée les locataires des étages supérieurs, là où se trouveront les bureaux et appartements. En théorie, ils ne devraient donc pas concurrencer les commerces similaires avoisinants.  
Enjeux futurs
Central Malley a deux objectifs:stimuler l’économie locale tout en apportant une solution à la demande croissante de logements dans la région. Malgré les désagréments actuels, résidents et commerçants s’accordent pour reconnaître les avantages à long terme qu'offrira l’écoquartier. Cependant, sa réussite reposera sur le respect des engagements pris, notamment celui du calendrier. Selon les CFF, «la livraison est toujours prévue pour 2025, le planning est tenu. Il sera consolidé au cours de cette année en fonction de l’avancée des travaux.»
Thibault Arm, urbaniste, directeur de projet à la Fabrique de Malley, en charge notamment des échanges entre les partenaires, ajoute: «Dès l’automne, un chantier supplémentaire va débuter. Il est prévu de relier le chemin de l’Usine à Gaz et l’avenue du Chablais par un nouvel axe routier: l’avenue de Malley. Ce chantier se déroulera en large majorité à l’intérieur du périmètre actuel du chantier de Central-Malley. Une coordination importante entre les différents acteurs sera nécessaire pour faire avancer efficacement ces chantiers.» Le réaménagement de l’ancienne friche industrielle s’inscrit ainsi dans une vision plus globale qui ne manque pas d’ambitions: repenser un morceau de ville.