Loi sur la mendicité: le Vert Ilias Panchard voit rouge

COUP DE SANG • Le projet de loi sur la mendicité du Conseil d’Etat est jugé trop laxiste par Pierre-Antoine Hildbrand. Une prise de position qui agace le conseiller communal Vert Ilias Panchard. Ce dernier estime que le municipal lausannois méprise la démocratie en piétinant le vote du Conseil communal.

  • Photo Verissimo

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Lausanne Cités: Le Canton a soumis un projet de modification de la loi sur la mendicité qui ne l’interdit plus, mais empêche de mendier de manière intrusive et agressive, ce projet vous satisfait-il?

Ilias Panchard: Plutôt oui. Il est globalement équilibré et démontre la volonté d’interdire la mendicité uniquement dans certains lieux où les citoyens peuvent être fortement importunés. Par exemple, quand ils sont assis en terrasse. En outre, ce projet cantonal n’intègre pas cette idée absurde qui consisterait à définir des distances minimales entre les mendiants et les lieux dits sensibles. La police à autre chose à faire que de passer ses journées à utiliser un double mètre.

Qu’est-ce qui vous dérange alors?

Que le municipal lausannois en charge de la police, Pierre-Antoine Hildbrand, persiste à décrier ce projet cantonal en souhaitant un durcissement encore plus important. Il oublie trop rapidement que ce débat a eu lieu au Conseil communal en fin d’année passée et qu’il a été décidé que Lausanne n’adopterait pas une position plus restrictive que celle proposée par le Conseil d’Etat.

On vous sent remonté…

Oui car il s’agit ni plus ni moins d’un déni démocratique. Les conseillers communaux lausannois se sont prononcés et le municipal PLR piétine ce vote en voulant faire la guerre aux mendiants. Il préfère faire pression sur les députés du Grand Conseil qui se prononceront à la fin de cette année plutôt que de respecter les institutions lausannoises. C’est tout bonnement scandaleux!

Vous exagérez, Pierre-Antoine Hildbrand parle au nom de la Municipalité, la même majoritairement de gauche avec notamment deux Verts, sous-entendez vous que la Municipalité n’est pas légitime dans ce dossier?

Je le redis, le Conseil communal a voté, la majorité de la Municipalité a été battue et elle doit en tenir compte. Du reste, je m’apprête à écrire une lettre au Conseil d’Etat pour lui faire part de mon indignation et lui rappeler la position lausannoise en matière de mendicité. Cela me semble urgent.

Le fait que ce soit un jugement de la Cour européenne des droits de l'homme qui dicte au Canton ce qu’il ne doit pas faire ne vous dérange pas, par contre?

Non, pas du tout. Je trouve essentiel qu’il existe une instance permettant de défendre les citoyens qui sont injustement traités. Que ce soit lorsque l’on criminalise la mendicité ou que l’on bafoue les droits fondamentaux.

Pourtant, vous savez que la mendicité finance les réseaux criminels et la traite des êtres humains?

C’est parfois le cas et ce n’est pas acceptable. C’est pourquoi je soutiens les opérations policières visant à démanteler ces réseaux.

Le filet social vaudois, financé par les contribuables, permet justement d’éviter de devoir tendre la main dans la rue, en êtes-vous conscient?

Oui, mais la problématique est plus complexe. En dehors de la communauté Rom, il y a deux types de mendiants dans les rues lausannoises: les personnes toxicodépendantes et ceux qui ne peuvent pas obtenir d’aides, comme les personnes déboutées de l’asile.

Vous devriez donc plutôt agir pour renforcer ce filet social plutôt que de vouloir à tout prix des mendiants aux feux rouges ou dans les rues lausannoises, non?

Lors du débat sur la mendicité au Conseil communal, je suis justement intervenu, via une résolution, pour que la Ville de Lausanne soutienne davantage les associations qui aident ici les communautés Roms et s’engagent pour le développement de certains villages en Roumanie.

On a compris que vous ne lâcherez pas sur ce sujet, quels sont vos moyens d’action?

En dehors de la lettre que je vais envoyer au Conseil d’Etat, j’ai déposé une nouvelle interpellation et je compte bien fédérer les blocs politiques lausannois, notamment les socialistes et les vrais libéraux, pour que la décision du Conseil communal soit respectée.

Vous sortez votre porte-monnaie quand vous croisez un mendiant?

Très souvent. Je garde toujours quelques pièces au fond de mes poches pour essayer de les aider.