«Les réfugiés ne sont pas un danger, ils sont en danger»

  •  Sophie Guignard, enseignante, militante du Collectif R

    Sophie Guignard, enseignante, militante du Collectif R

Les réfugié.es ne nous envahissent pas. Ce qui nous envahit, c’est la peur. C’est la peur que nous insuffle le discours anxiogène d’une certaine droite, qui veut nous faire croire qu’être solidaire c’est se mettre en danger. Ce qui nous envahit c’est la fermeture des esprits. Elle nous pousse à voir la migration comme une menace et non comme une chance.

Les réfugiés ne sont pas un danger, ils sont en danger.

La Suisse, pays parmi les plus riches du monde, a les moyens de faire sa part. Rappelons qu’en 1999, lors de la guerre des Balkans, la Confédération a accueilli plus du double de réfugiés qu’en 2015. Ces personnes se sont très bien intégrées et ont largement participé à notre économie.

Depuis un an, le collectif R se bat contre les accords de Dublin. Ces accords permettent à la Suisse de se décharger de ses obligations humanitaires (dont elle se vante pourtant si souvent) en renvoyant des réfugié.es, automatiquement et sans étudier leur demande d’asile, vers les pays par lesquels ils sont arrivés en Europe. Face aux gens qui ont risqué leur vie pour fuir la misère, la guerre et les persécutions, comment peut-on encore oser dire qu’il faut les renvoyer vers des pays comme l’Italie, la Pologne ou la Bulgarie, où les conditions d’accueil atteignent leurs limites, violent les droits fondamentaux et menacent non seulement la survie d’êtres humains, mais aussi leur dignité?

Samedi 12 mars, le Collectif R est descendu dans la rue pour protester contre l’application inhumaine de ces accords. Cette manifestation célébrait également une année d’existence du mouvement. Grâce à la protection du Collectif R, 38 personnes ont jusqu’ici pu éviter leur renvoi «Dublin» et déposer une demande d’asile en Suisse.

Et le Collectif R entend bien poursuivre sa lutte pour une autre politique d’accueil.