Le garde-meubles communal, ultime réceptacle de la précarité lausannoise

Chaque année, des Lausannois expulsés de chez eux font appel au garde-meubles communal pour entreposer leurs meubles et autres effets personnels. Seuls 40% d’entre eux parviennent à les récupérer.

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PRÉCARITÉ • Quand on en arrive là, c’est qu’on est au fond du trou, qu’on a tout perdu, son travail, sa vie et... sa maison puisqu’on a été expulsé de chez soi, faute d’être solvable. Seulement voilà, quitter son appartement suite à l’injonction d’un huissier, implique d’essayer de retrouver un toit, mais aussi de faire un sort à ses affaires. Pour ces malheureux infortunés, qui ne se résolvent pas à tout perdre, une solution est possible: stocker leurs meubles et autres objets au sein du garde-meubles communal, situé depuis 2018 à Boussens, dans un local appartenant à la Ville de Lausanne.

Selon les derniers chiffres fournis par le Service social de la Ville, ils ont été ainsi 72 Lausannois à avoir recours au garde-meubles en 2018, 60 en 2014, alors que 5 ans plus tôt, ils étaient moins de 50. Une évolution en forme d’indicateur indirect de l’évolution de la précarité sociale à Lausanne. Gratuite pendant les 2 premiers mois d’entreposage, cette prestation est ensuite facturée 8 francs par mois, et par mètre cube. «Le garde-meubles communal n’est pas public, explique Luc Perraux, chef du SALV, le service achat & logistique de la ville de Lausanne, qui en assure la gestion. Il est réservé aux particuliers et aux entreprises qui ont été déclarés en faillite, même si au total, nous n’enregistrons que peu d’entreprises».

37 containers

A Boussens, ce sont ainsi près de 28 box et 37 containers maritimes de 20 pieds dotés de systèmes de palans qui sont ainsi actuellement occupés par divers objets. «Je n’observe pas une recrudescence particulière du volume des objets entreposés au cours des dernières années, observe Luc Perraux. Il arrive assez fréquemment d’ailleurs que des personnes viennent en effet récupérer leurs objets, en partie ou dans leur totalité, selon leur situation personnelle». Dès leur entrée au garde-meubles, les effets ont ainsi 12 mois pour être récupérés par leurs propriétaires. Une sommation est ensuite publiée à l’expiration du délai dans la Feuille d’Avis Officielle, avant que les objets ne soient recyclés, ou purement et simplement détruits. Selon les chiffres fournis par le service social, seuls 40% des lots entreposés à Boussens sont au final récupérés par leurs propriétaires.