«J’ai beaucoup milité dans les syndicats quand j’étais salariée et j’ai participé à la grève de 91. Toute la lenteur dans le processus légal en Suisse ça en devient insupportable. Quand la grève s’est annoncée pour le 14 juin, j’ai voulu organiser quelque chose dans mon quartier. » Jacline Choulat, retraitée de 64 ans, habite dans le quartier de Chailly depuis une année. Sur son initiative, le groupe impliqué dans l’organisation de la grève s’est vite agrandi.
Une mobilisation assumée
Responsable de la maison de quartier de Chailly, Emilie Moeschler était ravie de cette initiative. «Nous rencontrons régulièrement des femmes victimes de discrimination ou de violences, au travail, à la maison, dans l’espace public. C’est pourquoi, nous pensons que cette mobilisation pour les droits des femmes est plus que légitime et nécessaire. Notre rôle, en tant que femmes mais également en tant qu’actrices et acteurs du terrain, est de soutenir pleinement cette mobilisation dans le quartier de Chailly.» Le programme est bien rempli puisque des activités débuteront déjà dès 8h du matin pour se poursuivre avec une lecture du manifeste par les femmes présentes, des ateliers de création de pancartes - pour la manifestation du même soir - durant lesquelles le coin enfants sera géré par les hommes. Une chorale viendra également chanter l’Hymne des femmes.
Les hommes à la cuisine
Toutes les maisons de quartier que nous avons pu joindre organisent au minimum un départ commun – le grévibus - pour se rendre à St-François. Mais certains quartiers ont été plus loin pour marquer les revendications de la grève. Au centre socioculturel de la Bourdonnette, un accueil avec café-croissant, danse et peinture sera organisé dès 9h30, suivi d’un repas – cuisiné par les hommes – et de quelques animations surprises. Le jour précédant, jeudi 13 juin, le film «La source des femmes» sera projeté à 13 heures. «Nous avons un très grand secteur de femmes qui s’impliquent beaucoup dans le quartier, il était donc important et logique de les soutenir dans leur émancipation», détaille Marina Racine, animatrice socio-culturelle.
A Vennes également, le programme commence dès le jeudi avec la création, tout au long de la journée, d’une mosaïque en assiettes cassées, ornées des revendications de chaque femme. Le 14 juin, jour de la grève, les femmes sont invitées à ne pas cuisiner et à venir manger au centre d’animation de Grand-Vennes. Le quartier sous-gare s’est aussi montré très actif pour l’organisation et la participation à la grève. Sur Facebook, les internautes ont proposé de suggérer aux écoles de faire grève, et également de ne pas envoyer leur enfant à l’école ce jour-là, en l’annonçant à l’avance aux enseignantes, afin de faciliter leur participation à la grève. Dans d’autres quartiers, l’accueil dans les centres d’animation sera parfois fermé pour cette journée et plusieurs piques-niques sont organisés. «J’avais 16 ans quand ma mère a eu le droit de vote. Aujourd’hui, je le fais pour mes filles, mes petites-filles et les générations futures», conclut Jacline Choulat. Joëlle Misson
Pour savoir ce qui se passe dans votre quartier le 14 juin, rendez-vous à votre maison de quartier ou sur leur site internet. Programme lausannois: www.frauenstreik2019.ch