Jean-Marc Chevallaz: «Dans la famille, on a l’engagement dans le sang!»

POLITIQUE • Jean-Marc Chevallaz vient de reprendre les rênes de l’Entraide familiale vaudoise. Belle occasion d’explorer la trajectoire de cette force tranquille qui est aussi municipal à Pully.

  • L’élu pulliéran de 49 ans a été élevé dans une famille imbibée de valeurs chrétiennes. PYTHON

    L’élu pulliéran de 49 ans a été élevé dans une famille imbibée de valeurs chrétiennes. PYTHON

«Les enfants nous invitent à voir nos problèmes sous d’autres angles»

«Mes parents et ma vie m’ont appris à ne jamais me projeter sur les autres…»

Son oncle Georges-André Chevallaz fut conseiller fédéral, son père Jean syndic de Pully et directeur de l’Ecole hôtelière de Lausanne, tout deux sous la bannière radicale et sa tante Madeline l’une des premières journalistes femmes à travailler pour le quotidien 24 heures... Avec pareils antécédents familiaux, Jean-Marc Chevallaz aurait eu de quoi se sentir écrasé. Il n’en fut rien. Bien au contraire. «Je n’ai ainsi jamais eu à entrer dans des chaussures qui n’étaient pas à ma taille ou pas à mon goût. Ce fut assez libérateur… Chez nous, le mot d’ordre était la liberté de choix. Mes parents me disaient de passer ma matu puis de faire ce que je voulais. Je les ai écoutés», confie le municipal pulliéran en charge de la jeunesse, des affaires sociales et de la sécurité publique depuis 2016.

«Dans la famille, on a l’engagement dans le sang, mais mon père et moi avons toujours pris soin de ne jamais nous croiser à des postes à responsabilité pour éviter les soupçons de conflits d’intérêts», confie le politicien PLR qui vient d’être élu Président de l’Entraide familiale vaudoise, une faitière fondée en 1949 et regroupant 29 sections proposant 150 services solidaires dans le canton.

Un fort ancrage vaudois

Un mélange de force et de douceur se dégage de son regard. Sur la cheminée de son domicile de Pully avec vue sur le Léman, une plaque signalétique indique avec humour «Place Chevallaz». Sa famille est ancrée sur la commune depuis des lustres. «J’ai coulé une enfance heureuse et sans souci ici. Je n’ai mesuré cette chance que plus tard en étant confronté aux problèmes graves de certains amis ou connaissances.» A la table familiale, ça parlait politique mais rarement de politique politicienne.

Chez les Chevallaz, l’engagement pour la communauté et la responsabilité individuelle étaient des valeurs cardinales. «Nos parents nous ont appris à ma sœur et moi à ne jamais mettre la faute sur les autres et à assumer les conséquences de nos actes.» Cette façon de voir était la même à l’Ecole Nouvelle de la Suisse Romande où Jean-Marc Chevallaz fit une partie de sa scolarité au sortir du Collège Champittet. «Là, on faisait beaucoup de sport et on avait le droit à la parole. Les deux me sont restés. Aujourd’hui, après avoir pratiqué le foot, le golf et le karaté, j’adore aller skier depuis notre chalet familial des Moulins dans le Pays-d’Enhaut. Et j’aime aussi toujours aller vers les autres pour les écouter, discuter avec eux et construire ensemble des ponts en sachant où aller.»

S’aligner ou prendre le large

À l’école, l’énergique Jean-Marc Chevallaz confesse cependant aussi avoir eu peu de facilité. «Les choses ne me sont jamais arrivées toutes cuites dans le bec, j’ai toujours dû bosser pour obtenir quelque chose…». Cette combativité permettra au jeune homme de devenir économiste d’entreprise, un métier vers lequel sa «passion des chiffres et de ce qu’ils cachaient» le menait. Il exercera cette activité dans plusieurs entreprises telles que Veillon, KPMG ou encore Bobst, avant de créer sa propre société fiduciaire en 2010.

«Au fil de ma vie professionnelle, je me suis toujours efforcé de ne jamais me laisser prendre au piège du tout, tout de suite… On passe un tiers de sa vie au travail donc il faut que ce que l’on fait soit humainement nourrissant! Dès lors, j’ai appris que quand tu n’es plus aligné avec les valeurs de l’entreprise qui t’emploie, il faut prendre le large.» «Seul, tu avances plus vite, mais ensemble tu avances plus loin», reste un peu la devise du quadragénaire.

«Et ma préférence va clairement à cette seconde option», précise-t-il. Lui et son épouse Karine, qui est comptable de profession, se sont mariés en secondes noces. De leur union est née une petite Maïla, désormais âgée de 10 ans. «Nous lui apprenons à cultiver l’ouverture et à savoir prendre sa place sans agressivité. Elle nous apprend à devenir de meilleurs parents en cultivant l’écoute, la patience, le dialogue mais aussi la fermeté… J’admire l’imagination des enfants. Ils ont peu de barrières mentales et nous invitent à voir nos problèmes sous d’autres angles», constate le Vaudois qui a su faire réémerger cette capacité en lui.

Pendant son temps-libre, ce «geek» revendiqué aime aussi dévorer des livres notamment politiques, historiques ou traitant de la gestion d’entreprise. Cela renforce en lui un recul sur les choses déjà bien aiguisé.

Au cours de l’actuelle crise sanitaire, cette qualité lui fut très utile. Jean-Marc Chevallaz confesse ne pas avoir aimé le traitement alarmiste adopté par nombre de médias pendant le covid. De son côté, il s’est échiné à mettre en place des mesures concrètes pour soulager ses administrés confinés ou pour rassurer ses clients en difficulté. L’homme se verrait bien poursuivre encore quelques années en politique.

«A ce genre de poste, il ne faut jamais prendre la critique ou les inévitables échecs personnellement et être capable de se relever et d’avancer dès que tu as un genou à terre…», commente-t-il simplement avec le ton de celui qui s’en sait capable...