Pris d’assaut, le site de la Maison des étudiants génère des frustrations

PENURIE • Connexion perpétuellement impossible, manque d’informations… des candidats à un logement étudiant dénoncent un manque de transparence. La Fondation qui gère les chambres garantit l’équité du processus et pointe du doigt le manque de logements disponibles.

  • La FMEL gère 4000 chambres environ réparties sur 14 maisons à Lausanne et aux alentours. Ici le célèbre Vortex de l’EPFL.  DR

    La FMEL gère 4000 chambres environ réparties sur 14 maisons à Lausanne et aux alentours. Ici le célèbre Vortex de l’EPFL. DR

Sans aucun doute, cela a un vague parfum des temps très anciens que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître où il fallait parfois des heures, via un antique modem, pour se connecter à internet. Mais aujourd’hui, ceux qui vivent cette expérience aussi antique que frustrante sont les candidats à un logement étudiant de la Fondation Maisons pour Etudiants de Lausanne (FMEL), à la recherche, un vrai chemin de croix, d’un logement pour la rentrée prochaine.

Diego* en est un bon exemple. Inscrit sur le site de la fondation depuis le mois d’octobre dernier, ce gymnasien émérite aux résultats brillants devrait intégrer l’EPFL en septembre. Et pour espérer décrocher une chambre, lui qui vient de l’étranger, doit se connecter à son compte deux fois par mois à minuit – heure suisse – afin de trouver les éventuelles disponibilités. Sauf que la connexion est littéralement impossible: messages d’erreur, impossibilité systématique à se connecter malgré les rafraîchissements de pages répétés émaillent toutes ses tentatives.

«C’est une véritable loterie numérique témoigne-t-il. Combien de personnes y a-t-il sur la liste d’attente? Sur quels critères obtient-on la connexion? Comment faire pour que mon ordinateur aille plus vite que ceux des concurrents? Franchement je me suis même connecté plusieurs heures avant l’heure fatidique, pour rien, ma connexion a sauté à minuit. Un peu plus de transparence serait vraiment bienvenu».

Alors véritable loterie numérique l’accès au site de la FMEL? Du tout, selon Yves Ferrari, le directeur de la Fondation: «Le principe appliqué par la FMEL est celui du premier connecté premier servi, cela implique qu'il n'y a aucune préférence donnée à qui que ce soit. L’ordre d’arrivée est établi par les ordinateurs via un système de cookies qui repèrent l’heure à laquelle la personne s’est connectée».

Demande très forte

Avant d’ajouter: «Le véritable problème c’est que la demande est extrêmement forte pour une offre limitée. La FMEL a un parc de 4000 lits, mais seule une infime partie des logements se libère et cela ne permet pas de répondre aux quelques 1800 tentatives de connexion les 1er et 16 de chaque mois».

Et pour cause: les conditions proposées par la FMEL sont particulièrement avantageuses. Un loyer moyen tout compris de 700 francs mensuels, sans commune mesure avec ce que l’on peut trouver sur le marché libre, un bail de trois ans, une localisation très proche des sites universitaires et pas d’exigence d’un garant pour les étudiants en provenance de l’étranger.

Solutions…

Depuis des années, «victime de son succès», la FMEL cherche des solutions. Augmenter sa capacité d’accueil via la création de logements sur un futur Campus Santé prévu pour 2026 avec 776 lites supplémentaires, mais aussi à l’avenir s’inspirer du système zurichois woko. «C’est de la musique d’avenir, observe Yves Ferrari mais ce modèle de la woko qui vise à louer des structures sur le marché libre et pour les sous-louer ensuite aux étudiants est observé de près par la FMEL.»

Quant aux candidats pour la rentrée prochaine, ils devront soit se tourner vers le marché libre dont les prix relèvent clairement de l’usure, soit se préparer, comme le fera encore Diego*, aux décevants délices d’une nuit blanche devant un écran d’ordinateur désespérément muet. «En tout état de cause, nous réfléchissons à faire figurer sur le site un numéro qui indiquera aux personnes candidates où elles se situent dans la liste d’attente», annonce néanmoins Yves Ferrari.

Charaf Abdessemed

*Prénom fictif, identité connue de la rédaction