Sortie cinéma: "La Zone d’intérêt" ou la banalité du mal...

Avec «La Zone d’intérêt», l’horreur de la Shoah est partout, mais jamais montrée. Le camp d’Auschwitz est un monstre tapi en arrière plan, un monstre qui hurle de haine, de désespoir ou de douleur.

La question hante le cinéma depuis «Nuit et Brouillard» d’Alain Resnais sorti en 1956. Comment représenter l’horreur des camps de concentration au cinéma? Si certains cinéastes ont pris le parti de la reconstitution fictionnelle, comme Spielberg avec «La Liste de Schindler» ou Roberto Benigni avec «La Vie est Belle», et d’autres celui d’une approche documentaire, comme Alain Resnais, le geste de Jonathan Glazer, avec «La Zone d’intérêt», est radical: l’horreur de la Shoah est partout, mais jamais montrée. Le camp d’Auschwitz est un monstre tapi en arrière plan, un monstre qui hurle de haine, de désespoir ou de douleur, fume, brûle, rougeoie, noircit le ciel de ses hautes cheminées.

Au premier plan, la vie rêvée de la famille de l’officier SS Rudolf Höss, qui dirige le camp avec l’efficacité d’un chef d’entreprise exemplaire, et pense avant tout, comme tout bon père de famille, au bonheur de ses enfants, tandis que son épouse Hedwig, que l’on surnomme «La Reine d’Auschwitz», soigne son jardin, sa piscine, et enrichit sa garde robe et sa boîte à bijoux des affaires volées aux Juifs. Jonathan Glazer raconte le quotidien hors sol de cette famille qui règne sur ce royaume de mort sytématisée.