La triste fin du centre interculturel pour la migration

IMMIGRATION • Créée en 1997 par des passionnés de culture qui voulaient améliorer le dialogue intercommunautaire sur la question de l’immigration, l’association Casamundo doit cesser ses activités par manque de soutien. Un comble au vu de l’actualité!

  •  Ernesto Ricou, très abattu après avoir appris la mauvaise nouvelle. DR

    Ernesto Ricou, très abattu après avoir appris la mauvaise nouvelle. DR

Pour 1’200 francs par mois seulement, soit le loyer du vétuste bâtiment de la rue de Tivoli qui l’abritait, Ernesto Ricou faisait vivre un généreux centre interculturel entouré de plusieurs citoyens actifs. Des dizaines de conférences, expositions, accueil de classes ou mobilisations pour des situations particulières y avaient lieu chaque année. «Nous étions essentiellement soutenus par la Ville, le Canton ainsi qu’avec de modestes dons. Un réfugié nous a même apporté une enveloppe avec cinquante francs», explique Ernesto, le regard plein d’émotion. Mais, il y a un mois, le Conseil Communal de la ville de Lausanne s’est penché sur ce dernier et a décidé de ne soutenir l’association que jusqu’à la fin de l’année. Une nouvelle que l’ensemble des habitués a reçu avec beaucoup de déception et d’incompréhension.

Action reconnue

Marc Vuillemier, le Municipal en charge de l’intégration, reconnaît qu’un excellent travail a été fait durant 18 ans à Casamundo ainsi qu’au petit Musée de l’immigration qui y est accolé. «Mais nous avions de la peine à savoir exactement ce qui se passait là-bas. De plus, les locaux ne sont plus aux normes et on a eu vent d’une difficulté de renouveler les membres actifs», détaille-t-il avant d’ajouter: «Naturellement, nous serions très attentifs si Monsieur Ricou voulait proposer un projet à financer avec notre nouveau Fonds Lausannois d’Intégration.»

Autre difficulté, l’association a besoin principalement de fonds pour un loyer, une charge malheureusement peu appréciée par les organismes de soutien qui préfèrent investir dans des projets spécifiques plutôt que dans des locaux. Autant de questions administratives qui tranchent radicalement avec les conséquences humaines qu’elles entrainent. «Pas plus tard que la semaine passée, une artiste peintre syrienne est venue avec sa famille pour me demander de l’exposer et de l’aider. Je n’ai pu que lui annoncer la fermeture et lui donner mes meilleurs crayons avec du bon papier», raconte Ernesto Ricou avant de reprendre une profonde respiration pour ne pas se laisser abattre.

Un lieu d’humanité

Avec le récent afflux de migrants en Suisse, le centre culturel qui y était dédié n’avait jamais eu autant de sens. Au-delà de l’aide d’urgence et des questions politiques, Casamundo était devenu, à en croire les participants, un lieu d’échange interculturel et de rencontres, un espace chaleureux au cœur d’un actualité grave. « En fait notre sort est à l’image de celui des migrants en Europe. Nous ne nous sentons plus les bienvenus, nous devons nous entasser dans un minuscule espace et les obstacles sont de plus en plus nombreux», conclut Ernesto Ricou. Le 21 novembre, une grande fête de fermeture sera organisée. A moins de pouvoir retrouver du soutien d’ici là.