Le street art, des murs de Lausanne aux armoires électriques

UN LIEU, UNE HISTOIRE - A Lausanne, le street art a fait son apparition vers la fin des années 80 autour de la fondation du célèbre groupe de rap Sens Unik, à Renens.

  • Photo Martine Dutruit

Là-bas, des jeunes gens recouvrent avec des bombes de peinture les murs de la ville de thèmes et figures inspirés par la bande dessinée, les comics américains ou les mangas japonais. Pas de message social ou politique dans ces fresques joyeuses, juste l’affirmation d’une esthétique transgressive et baroque issue du hip-hop. Le talent de quelques-uns, comme Skelt, Mesa, Sing, Kaos, a rapidement fait la réputation de l’art de rue lausannois; Lausanne a vu ensuite affluer des graffeurs parisiens et allemands lors de rassemblements mémorables au cours desquels on graffait en bande. A cette même époque, les magazines Tuff Times et Art Press rendaient compte de l’effervescence de la scène lausannoise du graffiti.
350 armoires
Certains d’entre eux, presque toujours illégaux, ont été effacés par les propriétaires des murs, ou plus simplement par les intempéries. La scène lausannoise s’est lentement éteinte. Ne subsistent le plus souvent que les banals tags ou graffes (signatures), une manière pour leurs auteurs de marquer leur territoire ou de faire une démonstration d’audace en les apposant dans des endroits apparemment inaccessibles.
Après avoir longtemps fait la chasse aux auteurs de ces œuvres, la commune de Lausanne a proposé aux graffeurs, et notamment à ceux du COFOP, un centre pour jeunes en difficulté, de peindre les armoires électriques gris terne disposées à de nombreux carrefours de la ville. A ce jour, plus de 350 armoires électriques ont été recouvertes de dessins coloriés, signés ou non, dont certains sont remarquables.

Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer»,  de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com