Un «serial frotteur» s’attaque aux jeunes femmes dans le M2

AGRESSIONS • Depuis quelques semaines, un prédateur sexuel fait souffler un vent de panique dans les rames du métro lausannois. Son mode opératoire est connu: il se frotte à des jeunes femmes et prend la fuite dès qu’il se fait repérer.

  • En cas d’agression sexuelle, la police lausannoise rappelle que le bon réflexe consiste à composer le 117. MISSON-TILLE

    En cas d’agression sexuelle, la police lausannoise rappelle que le bon réflexe consiste à composer le 117. MISSON-TILLE

«J’ai porté plainte pour que ce type se fasse choper, mais je reste traumatisée» Stella*, étudiante lausannoise de 19 ans

«Si je témoigne, c’est surtout pour éviter que d’autres jeunes femmes se fassent agresser ces prochains jours. Car je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu la semaine dernière dans le M2.» Salma*, une jeune lausannoise de 22 ans, a encore la voix qui tremble quand il s’agit de revenir sur l’agression sexuelle dont elle a été victime dans une rame circulant entre la gare et le CHUV. Il est 20h30 ce soir-là lorsque l’étudiante à l’Université de Lausanne décide de rentrer chez elle après un rapide repas avec deux de ses copines.

Comme à l’accoutumée, elle opte pour le métro pour regagner son domicile. «Il y avait beaucoup de monde dans le wagon, toutes les places assises étaient occupées. Je suis donc restée debout en me tenant à la barre de métal. Très rapidement, j’ai senti quelqu’un qui était vraiment très très près de moi. Sur le moment, je me suis dit que c’était normal vu l’affluence. C’est en me retournant quelques minutes après que j’ai compris ce qui m’arrivait, un homme que je ne connaissais pas était en train de frotter son sexe sur mon manteau. Mon premier réflexe a été de tourner la tête et de m’éloigner le plus rapidement possible. Je m’en veux car j’aurais dû directement appeler la police et déposer plainte.»

C’est une fois arrivée chez elle que Salma réalise pleinement ce qui vient de lui arriver. «J’ai été prise de panique quand je me suis retrouvée seule dans mon appartement, j’ai demandé à une amie de venir passer la nuit à la maison, j’avais trop peur!»

Un deuxième cas qui fait le buzz en ligne

En parcourant les réseaux sociaux ce soir-là, les deux copines remarquent qu’une autre victime lausannoise décrit exactement le même type d’agissement sur son mur Twitter. Un post amplement partagé et déjà liké plus de 350 fois.

Cette deuxième agression sexuelle se serait déroulée le lundi 21 novembre, à huit heures du matin, entre la station de la gare et celle du Flon. Une jeune femme âgée de 19 ans, également étudiante à l’Université de Lausanne et que nous appellerons Stella*, se rend comme tous les matins à la station de métro. Elle remarque qu’un homme se colle très rapidement à elle dans la rame, ce qui lui paraît un peu louche car «il n’y avait pas énormément de monde». Mais elle n’y prête pas davantage attention et le trajet se poursuit. En face d’elle, une fille la fixe et tente d’amorcer le dialogue de manière discrète.

Le métro arrive au Flon, Stella sort et se rend à son cours. Ce n’est que le lendemain qu’elle comprendra ce qui s’est vraiment passé dans la rame: «Je retombe par hasard sur la fille qui avait essayé de m’avertir du danger. Elle m’explique que ce gars s’est déjà collé à elle de la même manière. Il sort à chaque fois son sexe en espérant ne pas se faire remarquer, mais la meuf l’a cramé et il s’est directement barré.»

«Faites attention!»

Avant de préciser comme une mise en garde: «C’est bête à dire, mais sur le moment on ne se rend pas compte de ce qui se passe, si je n’avais pas recroisé cette fille, je n’aurais pas su que cet homme m’avait agressé sexuellement. Donc vraiment, je dis aux jeunes femmes lausannoises de faire attention, j’ai porté plainte pour que ce type se fasse choper, mais je reste traumatisée par ce qui m’est arrivé.»

Sébastien Jost, porte-parole de la police lausannoise, confirme: «Une plainte a effectivement été enregistrée pour de tels agissements en novembre. Le réflexe à avoir pour une personne victime d’un tel acte est d’aviser rapidement la police, via le 117. Cela permet une intervention rapide des secours, ce qui augmente les chances d’interpeller l’auteur. Au-delà de ces situations de flagrant délit, si un phénomène particulier est observé, la police de Lausanne met tout en œuvre pour appréhender les auteurs de tels actes, notamment par l’engagement spécifique de policières et de policiers en civil et en uniforme dans les secteurs concernés. En parallèle, des investigations sont menées par la police judiciaire.»

Trois à quatre cas par année

Un signalement précis est également précieux pour les forces de l’ordre. Tous les éléments sur la tenue de la personne, son apparence, l’heure des faits, l’endroit où il est monté dans la rame ou en est descendu augmentent les chances d’interpeller ce type d’individu.

Du côté des transports publics lausannois (tl), on rappelle que ces agissements sont rares: «Cela représente entre trois ou quatre cas par an qui sont signalés à notre service clients, souligne le porte-parole Martial Messeiller. C’est une forme de harcèlement que nous condamnons avec fermeté. Notre personnel est sensibilisé et formé au sujet complexe du harcèlement de rue en général, qui se joue dans les espaces publics. Lorsque nous en avons connaissance, les victimes sont accompagnées et sont invitées à déposer plainte, mais nous ne pouvons le faire à leur place.» *prénom fictif, identité connue de la rédaction